Chronique

Jim Ridl Trio

Live

Jim Ridl (p), Steve Varner (b), Jim Miller (d)

Label / Distribution : Dreambox Media

Cet enregistrement live du pianiste Jim Ridl semble être tiré d’un concert sans prétention au bar du coin devant un public clairsemé. Cet humble environnement ne reflète pourtant pas la qualité de la musique.

Dès le prélude en solo, Ridl montre sa capacité à mêler abstraction et romantisme. First rose développe ce mélange, favorisant un travail harmonique plus que mélodique, mais avec une certaine tendresse. Il fait ceci en travaillant les dissonances et les abstractions harmoniques, tout en gardant généralement un phrasé et un esprit bop, ce qui fait de Ridl un musicien un peu left of center (à gauche du milieu), comme ils disent aux Etats-Unis.

La sensibilité de Ridl est bien soutenue par ses accompagnateurs. Tout en swinguant, Jim Miller et Steve Varner complètent parfaitement l’approche un peu décalée du pianiste et livrent également des solos de qualité.

D’autres facettes de Ridl se révèlent lors des trois compositions personnelles suivantes. Only half a cup ? débute avec un thème dont l’humour sec rappelle Monk. Il est suivi d’une improvisation teintée de blues, jouée d’abord avec un toucher très bref (je suis tenté de dire éphémère) et une variété d’abstraction fascinante, avant que Ridl n’étoffe son attaque pour monter en intensité. Le court Get after it boogie, en solo, continue dans cette veine, son intérêt se situant dans le fait que Ridl arrive à jouer un boogie-woogie reconnaissable, sans être ni passéiste, ni simplement ironique.

La dernière composition de Ridl, Song of the green river, est peut-être la plus intéressante mélodiquement. En alternant entre un vamp lent et sombre en trois temps et un passage plus léger en quatre temps, Ridl crée un matériau fertile pour imaginer la vie de ce fleuve. Varner et Miller livrent ici deux magnifiques solos, celui de Miller par-dessus le vamp initial étant particulièrement dramatique.

Sur les standards Caravan et Cherokee, Ridl abandonne un peu les éléments les plus abstraits de son style pour jouer du bebop dynamique. Malgré cela, il approche ces morceaux de manière assez originale : Son introduction en solo de Cherokee fait croire à une ballade, tandis que Caravan devient beaucoup plus léger qu’à l’habitude. Steve Varner livre sur ce dernier un solo fascinant mélangeant double stops, hésitations, mélodies, blues et un peu de Mingus, avant un coda en trio plus funky. Le solo de Miller sur Cherokee contient un passage magnifique durant lequel il joue la mélodie du morceau sur ses toms.