Joakim / Matthew Herbert
Le programme était alléchant, en ce 10 septembre, à la Cité de la Musique : en première partie, Joakim & The Ectoplasmic Band, suivi du Matthew Herbert Big Band. Alléchant, et pourtant…
N’en déplaise aux grincheux conservateurs toujours prompts à renvoyer à leurs études d’harmonie les disciples des nouvelles musiques électroniques, les outils modernes de l’informatique peuvent dorénavant être considérés comme de véritables instruments : le talent et la maîtrise ont repris le dessus sur l’esbroufe de la postproduction, et peu importe désormais qu’ils soient relayés par un saxophone, une contrebasse ou un Mac.
J’en veux pour preuve la soirée de mercredi à La Villette, où se sont succédé sur le plateau deux formations en ce sens diamétralement opposées.
Là où la première semblait subir l’électronique plus qu’elle ne l’utilisait [1], la seconde rebondissait avec à propos sur les perturbations réinjectées par un Matthew Herbert virevoltant. Là où les premiers n’avaient rien d’autre à proposer qu’une resucée du pire des années synthe-pop ou punk, servie sans la moindre nuance expressive et tous volumes dehors [2], les seconds nous offraient la classe optimale d’un big-band de bon standing servant d’écrin - malgré une balance désastreuse pendant un bon tiers du concert - à une diva outrageusement fagotée et so british, sorte de Shirley Bassey décalée (l’étonnante Eska Mtungwazi).
Bref, là où les premiers s’évertuaient avec beaucoup de sérieux mais sans succès à revisiter des genres mythiques à l’aide d’outils actuels, les seconds repoussaient un peu plus loin, et avec humour, la frontière de la modernité.
Gageons que les futures avancées de la technologie aideront encore les prises de risques scéniques à pourfendre la musique en boîte…