Chronique

Julia Hülsmann Quartet

The Next Door

Julia Hülsmann (p), Uli Kempendorff (ts), Marc Muellbauer (cb), Heinrich Köbberling (dm)

Label / Distribution : ECM

Inlassablement, Julia Hülsmann poursuit son chemin, discrète mais ancrée dans une recherche harmonique qui ne fait que se concrétiser avec clairvoyance dans The Next Door, son huitième opus paru chez ECM.

Une unité d’ensemble se fait jour dès les premières écoutes. Bien secondée par Uli Kempendorff au saxophone ténor, Marc Muellbauer à la contrebasse et Heinrich Köbberling à la batterie, la pianiste allemande laisse libre cours à des compositions de toute beauté. Comme sur beaucoup d’albums du label munichois, le son est de grande qualité : un équilibre constant se dessine entre les quatre instrumentistes sans qu’aucun d’entre eux soit trop mis en évidence. Ce quartet n’est autre que le fruit d’un labeur constant entre des musiciens complices.

Sa connaissance de la musique classique permet à Julia Hülsmann d’exprimer des émotions empreintes de lyrisme qui se dévoilent tout au long du disque. Ce qui aurait pu être un handicap en matière d’improvisation n’en est pas un : le choc de l’album Undercurrent de Bill Evans lui a révélé un monde d’une richesse infinie, lui permettant de devenir aujourd’hui une pianiste inventive, encore plus audacieuse et forte. Le style de Julia Hülsmann se caractérise par une fluidité de la main droite qui donne une impression de ne jamais surjouer ou forcer durant les solos. Sa manière de ponctuer l’accompagnement du saxophoniste lors de ses solos témoigne également de ses qualités : les accents rythmiques de « Open Up » font preuve d’originalité tout en enrichissant le tempo général de manière convaincante. La musique coule avec délicatesse sans sortir de son lit mélodique comme dans la ballade « Sometimes It Snows In April ».

Une brise coltranienne souffle intensément sur les interventions d’Uli Kempendorff. Sans chercher à copier ses aînés, le saxophoniste délivre un message sincère à travers un flot mélodique qui ne sombre jamais dans l’ornementation. Les intenses « Made Of Wood » et « Wasp At The Window » mettent en lumière ce souffleur créatif. Le contrebassiste Marc Muellbauer donne la mesure de son talent en se jouant des dissonances de « Lightcap », bien secondé par la frappe raffinée de Heinrich Köbberling qui sublime les variétés rythmiques.

Son authenticité, étroitement liée à une dimension libertaire, fait de The Next Door un album majeur et une étape importante dans la carrière en devenir de Julia Hülsmann.