Chronique

Julie Audouin, Antoine Leite, Arnaud Rouanet

Antoinette Trio

Julie Audouin (fl), Antoine Leite (g, g portugaise), Arnaud Rouanet (cl)

Label / Distribution : Autoproduction

Immédiatement charmant, Antoinette Trio se situe à la croisée de plusieurs univers mais parvient à faire de ce mélange une véritable identité. Difficile, en effet, au premier abord, de concilier musique populaire, classique et jazz mais si le pari est réussi, c’est que le trio emprunte à chaque genre sans en imposer un qui volerait la vedette aux autres.

La réunion de Julie Audouin, flûtiste concertiste qui se frotte depuis longtemps à l’imprévisible (au côté de Jean-Marc Padovani ou François Thuillier entre autres), d’Antoine Leite, pratiquant de la guitare portugaise et amateur des cultures lusophones et d’Arnaud Rouanet (ancien membre de la Compagnie Lubat, membre du Trio d’En Bas - aujourd’hui séparé - et directeur artistique de la Compagnie 3DB) se fait en parfaite entente ; la formation trouve d’ailleurs son équilibre dans un alliage de timbres aussi naturel que léger.

Ainsi la clarté enlevée de la flûte, la profondeur rassurante de la clarinette se voient constamment sollicitées par une guitare égrenant des accords avec obstination ou soutenant des balancements cristallins. Avec une allègre persévérance, ils s’aventurent sur des chemins aux mélodies ensoleillées qui évoquent la Méditerranée ou l’Amérique du Sud (deux compositions enlevées du Brésilien Egberto Gismonti et une de l’Italien Eduardo Mezzacapo) sans pour autant s’y appesantir.

L’intelligence de cette musique, en effet, est d’éviter tout effet de folklorisme par des arrangements délicats signés Denis Badault. Des contre-chants subtilement tressés se combinent à des harmonies pastel sans violence aucune tandis que, par en dessous, bat une pulsation discrète mais toujours présente. Toutefois ne manque pas de poindre, de temps à autre, une euphorie rythmique qui replace avec justesse le trio dans des ambiances plus débraillées où l’on respire à plein poumons et s’enivre de danse.

Certains titres plus dissonants accordent, par ailleurs, de l’importance à la matérialité du son qu’ils étirent et travaillent jusqu’à la rupture, laissant entrevoir des climats plus tourmentés où pointe une mélancolie anxieuse (sur “An3net” ou “Chichucas”).