Scènes

Le Petit Journal Montparnasse entre dans une nouvelle ère

Exit Claude Perdriel, entre en scène André Robert, qui compte apporter à ce lieu ouvert en 1985 sa vision personnelle de ce qu’est une grande soirée musicale.


Le projet d’André Robert, nouveau patron du lieu, est simple : ouvrir tous les jours (6 jours sur 7), et proposer chaque soir à partir de 20h une affiche différente mêlant grandes et petites formations de tous styles, avec quelques points forts tel Baptiste Herbin, désormais en résidence avec son septet.

Coup d’œil sur le programme passé : en septembre Le Petit Journal a invité divers big bands tel le Mis Big Band et aussi Claude Bolling en quintet , Manu Dibango, Tamara Suffren, Paco Séry Group, Corinne, Janysett McPherson ou le quartet de Virginie Coutin. Ou enfin Mina Agossi (« magnifique »). Le public a suivi : « En septembre, j’ai fait quatre à cinq soirées satisfaisantes, c’est donc que la chose est possible » témoigne André Robert, restaurateur plutôt coté (« La Cagouille », qu’il dirige depuis des lustres, n’a pas eu les faveurs que de François Mitterrand), et si bien acquis au jazz qu’il n’a pas hésité à investir lourdement pour reprendre le lieu. Le passage de témoin avec le patron du Nouvel Observateur a eu lieu le 1er janvier 2013. Depuis, André Robert a préféré faire profil bas, le temps de prendre ses marques et « voir ce qui n’allait pas » avant de vraiment accoucher, 9 mois après, de son projet. Cette maturation nous a donc amenés au 7 octobre dernier, véritable soirée de lancement du Petit Journal Montparnasse nouvelle manière.

Pour dire l’essentiel, le lieu « que tout le monde connaît mais où personne ne va », offre 250 places assises, avec belle vue sur la scène, à l’exception de quatre que l’on a d’ailleurs testées avec M. Robert. Si le lieu est ouvert du matin au soir, brasserie oblige, le tout sur 48 semaines par an, il s’anime à partir de 20h, heure à laquelle se succèdent piano-bar et (à 21h30 ou 22h, selon les jours) le concert. Prix du dîner-spectacle : 60 euros tout compris, contre 75 auparavant. André Robert promet une restauration de qualité, nourrie par son expérience et ses convictions. « D’ailleurs, on se sauvera par la restauration » est-il convaincu, désireux de mêler gastronomie et musique. Cette ambition et le bouche-à-oreille devraient faire le reste : le nouveau maître du Petit Journal Montparnasse, veut en effet renouer avec la grande histoire et l’ambiance de l’établissement, ces affiches qui, en près de 30 ans, ont rendu ce lieu de la Rive gauche quasi incontournable. Pour cela, il a constitué l’équipe ad hoc (Mélanie Roche à la programmation) et parie sur le temps, le lieu, les artistes invités et le reste. « J’écoute beaucoup, mais pour le reste, je vais faire à mon idée ». Il est convaincu : « Je veux élever le débat, chercher l’excellence à tous les niveaux, sans faire de compromis ».

Plonger dans l’histoire de cette brasserie-caveau-club-bar-caf’conc, c’est retrouver tout ce que le jazz hexagonal et autre a produit pendant près de trente ans. Ce sont d’ailleurs ces soirées qui ont fait la patine réelle du lieu : pour mémoire, le Petit Journal Montparnasse, situé à quelques mètres de la gare du même nom, existe depuis 1985. Durant ces trente-trois années, l’antre n’a jamais cessé de fonctionner, même si l’élan avait fini par se tarir. Mais André Robert se dit patient : « Il faudra deux ans pour revenir au niveau de la grande époque et restaurer notre crédibilité » explique-t-il. L’homme est du métier, aime le jazz et a une belle réputation. Pour lui, il s’agit « du projet d’une vie ». Les conditions sont donc réunies…