Citizen Eye

Lesperon, la conciliation des genres

François Théberge et Guillaume Nouaux au festival de Lesperon 2018


Quand les polarités s’attirent.

Guillaume Nouaux et François Théberge.
Lesperon, Landes au Festival « Un Art de Jazz », le 7 juillet 2018.

Lesperon. Le cœur des Landes de Gascogne.
Des pins. Des pins. Des pins.
Un bon millier d’âmes et… un festival de jazz. Un « Art de Jazz ». La légèreté d’un air de jazz, et le rappel plus sérieux qu’il s’agit bien d’Art.
Mais en ce début juillet, dans la touffeur de la pinède, c’est à la fête que l’on aspire : Nouvelle-Orléans de rigueur, pour la musique et la gastronomie !

Le soir venu, prélude au grand concert, on l’aurait pu parier : les Saints s’en vont marchant, portés par la jeunesse enthousiaste de l’harmonie municipale tout juste sortie de master class. Et par la fougue aussi de quelques pointures, locales ou plus surprenantes. Au premier rang de la troupe, à l’assaut sur chaque relance, soutenant un par un les chorus des apprentis du jour, François Théberge, inénarrable saxophoniste québécois, trublion au moins aussi libre que le jazz sut l’être un jour, défricheur sans tabou, de longue date complice et arrangeur du génial Archie Shepp, François donc, s’applique à partager avec de jeunes amateurs locaux les fondements les plus basiques d’un New Orleans pressenti à des années-lumière de ses préoccupations artistiques.
Anachronisme ? Grand écart stylistique ? Provocation ?

À l’entracte, perplexe, je m’étonnerai encore du paradoxe en constatant sa proximité de vues avec Guillaume Nouaux, gardien du temple, entre autres talents, de la batterie néo-orléanaise. A ma question, le Québécois jubile et s’enflamme : un festival, ce doit être la fête. Un festival se doit d’être la fête (n’est il d’ailleurs pas venu avec un groupe cajun ?). Et la modernité du jazz ? La modernité ne serait plus que langue morte si l’on venait à perdre la pratique du langage des origines !
Mémoires et continuité…
A méditer.

par Pierre Vignacq // Publié le 4 octobre 2020
P.-S. :

La 4e édition du festival Un Art de Jazz, prévue du 3 au 5 juillet 2020 dut être annulée suite à la crise sanitaire du Covid-19.