Chronique

Mette Henriette

Drifting

Mette Henriette (ts), Johan Lindvall (p), Judith Hamann (cello)

Label / Distribution : ECM

2015. 2022. Sept ans après un premier album unanimement acclamé, Mette Henriette revient. C’est long, sept ans. Sans nouvelles ou presque. On en venait à se demander si elle jouait toujours. On se surprenait régulièrement à aller fureter sur internet pour trouver des traces de vie. Mais qu’a donc bien pu faire la saxophoniste norvégienne pendant tout ce temps ? Elle a vécu, grandi, composé de la musique pour les autres (et notamment pour des grands ensembles symphoniques). Car Henriette est bien plus qu’une saxophoniste. Artiste totale, compositrice, performeuse, elle se frotte aux autres disciplines artistiques sans frontières ni œillères. Elle a pris son temps, donc. Et la voilà enfin de retour avec Drifting, un deuxième album enregistré en trio. Comme en 2015, Johan Lindvall est au piano. Au violoncelle, Judith Hamann a remplacé Katrine Schiøtt.

Et comme dans son premier album, ses compositions oscillent entre miniatures minimalistes et morceaux plus longs et plus structurés (« I villvind », « Drifting », « Oversoar », « Indrifting You ») dans lesquels la musique coule, liquide et nébuleuse, telle une cascade sauvage. Les trois musiciens jouent sur les textures et les couleurs de leurs instruments pour imaginer des ambiances oniriques et boréales : Lindvall parcourt les aigus de son piano dans de fébriles ostinatos suspendus ; Judith Hamann taille dans le grave, de son archet ample et sourd ; quant à Henriette, elle se balade entre les deux, vibrato en bandoulière, dessinant des volutes alanguies et hypnotiques. Telle une chamane, son saxophone semble s’adresser au cosmos. Un animisme musical qui bouleverse autant qu’il transcende.