Chronique

URUK

Âme

Isabelle Duthoit (cl, voc), Franz Hautzinger (quarter-tone trumpet), Hamid Drake (perc, frame drum, voc), Michael Zerang (perc, frame drum)

Label / Distribution : Trost Records

URUK, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre. Celle de deux duos réguliers qui s’agrègent pour former un quartet étonnant lors d’un concert enregistré dans le Tyrol autrichien juste avant le grand confinement du printemps 2020. D’un côté, Isabelle Duthoit et Franz Hautzinger qui jouent ensemble depuis de nombreuses années maintenant et forment un duo soudé et complice (que l’on peut notamment entendre sur Lily, sorti en 2017 chez Relative Pitch Records) ; de l’autre, les deux percussionnistes américains Hamid Drake et Michael Zerang qui entretiennent un long compagnonnage, à la fois en duo (deux albums en témoignent : Ask The Sun, sorti en 1997, et For Ed Blackwell, sorti en 2015) mais également dans des groupes élargis à d’autres musiciens de leurs cercles.

Quatre fortes personnalités, donc, pour un concert totalement improvisé qui peine parfois à décoller dans les trois premiers morceaux où chacun semble chercher sa place. Soutenue par les polyrythmies de Zerang et Drake, Isabelle Duthoit est omniprésente ; elle se sert de sa voix comme d’un instrument à part entière, évoluant entre le chuchotement et le cri. Franz Hautzinger tente de se frayer un chemin dans l’espace laissé libre en utilisant la mécanique de sa trompette comme une machine à bruits. Et c’est finalement sur le dernier morceau « Inanna/Ishtar », lorsque Duthoit délaisse ses abstraites vocalises pour empoigner sa clarinette, que l’on commence à décoller ; on est alors transporté par le mariage entre la trompette aiguisée et serpentine de Hautzinger et le côté boisé et anguleux de la clarinette de Duthoit. Zerang et Drake sont au diapason et le concert se clôt alors sur un beau moment suspendu.

par Julien Aunos // Publié le 26 juin 2022
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