Chronique

Mikkel Ploug

Harmoniehof

Mikkel Ploug (g), Mark Turner (ts), Sean Carpio (dm), Jeppe Skovbakke (b)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

Mikkel Ploug et Mark Turner se sont rencontrés voici quelques années (vers 2006) et ont vite trouvé des points communs à leur musique. L’univers doux et les compositions harmonieuses du guitariste danois ont rapidement convaincu le ténor américain de rejoindre le trio. Une confiance commune renouvelée, puisque le groupe signe ici, toujours chez Fresh Sound New Talent, son deuxième disque.

Le trio, devenu quartette à part entière, est un assemblage cohérent de musiciens venus des quatre coins de l’Europe : Jeppe Skovbakke (b) est originaire de Slovénie tandis que Sean Carpio (dm) vient tout droit d’Irlande. On ne ressent presque pas ces différentes influences qui auraient pu ajouter un cachet original à l’ensemble. Par contre, on ne peut évidemment pas s’empêcher de penser à l’association Mark Turner / Kurt Rosenwinkel. Mikkel Ploug arrive cependant à se démarquer légèrement de ce style très caractéristique. Ses interventions démontrent un phrasé sûr, mais parfois aussi appliqué. Et, ici et là, il se laisse aller à un jeu « à l’ancienne » dans la lignée d’un Kenny Burrell, ce qui n’est pas pour déplaire (sur « Enthousiasts » par exemple).

La plupart des compositions, toutes signées Ploug, sont construites autour d’un motif répétitif sur lequel chaque soliste vient déposer une improvisation qui prend le temps de s’épanouir (« Awkward Sentences » ou « Soft Spoken » entre autres). Mais le guitariste et son groupe aiment surtout les ambiances retenues, celles qui flottent dans le confort d’une certaine tiédeur. C’est peut-être ce que l’on pourrait reprocher à ce Harmoniehof : un léger manque de ressort, qui ne pointe le bout de son nez que timidement, en seconde partie d’album. Bien que leader, le guitariste n’hésite pas à céder la place à Turner, qui tisse des mélodies légères et nonchalantes. L’alliance fonctionne bien, et tous deux parlent d’une même voix.

On préfère pourtant quand le Mikkel Ploug Group s’affirme davantage et se libère de ce besoin de trop bien faire. Ainsi « Second Around », « Pablos Stroll » ou mieux encore « Molto Moderato-First Rapsody » (de Bartok) sont de franches réussites : le jeu à la fois vif et enlevé y ravive un album par moments un peu trop lisse.