Chronique

No Return

We Are Birds

Tuomas Antero Turunen (p), Dimitri Reverchon (dm), Emmanuel Soulignac (b)

Label / Distribution : Nutsy Prod

L’album commence par une introduction un peu psychédélique, une mélodie entêtante, annonciatrice du voyage sans retour qu’on nous promet. Puis une rythmique mid-tempo déboule, et on est immédiatement arrêté par la tournure sonore que prend déjà ce disque. La production, massive, impressionne. Le coup de foudre entre le trio et le producteur Ulrich Yul Edorh n’a jamais été un secret, et il s’entend.

On ne va pas se mentir, No Return est un album de pop. Mais une pop affranchie, qui a su s’évader d’un carcan formaté, et qui désormais demeure insaisissable. La musique laisse imaginer une rencontre entre Coldplay et E.S.T, mais la comparaison ne peut à elle seule résumer No Return, qui flirte avec une certaine mélancolie sans jamais l’imposer. Les images et les influences défilent à tout allure et aussitôt identifiées, elle sont déjà obsolètes. On a souvent vu des musicien.ne.s de jazz reprendre des morceaux de pop. We Are Birds n’est pas dans ce registre. C’est de la pop qui s’improvise par des mélodies faciles sur des structures complexes. 

Côté ambiance, l’Afrique en terrain nordique tord l’espace et donne de la hauteur aux images que la musique distille. Quoi qu’il en soit, on est au cœur d’une nature prédominante. La pochette nous montre le trio recouvert de terre, cette argile qui façonne l’homme et révèle avec élégance sa seule humanité. Saupoudrée de rencontres au fil de l’eau, la musique est universelle et il serait bien malaisé de lui donner une nationalité.

Difficile de rester de marbre devant cet album d’une grande profondeur où il n’est pas un aspect qui ne regorge d’images florissantes. Plusieurs lectures sont possibles avec No Return, mais l’image la plus parlante serait peut-être celle d’un printemps perpétuel.