Chronique

Ocarinah

Première vision de l’étrange

Jean-Michel Valette (g, synth), Marc Perdrix (b), Charles Bevand (d).

Label / Distribution : O-Music

Cet album inclassable enregistré originellement à Avignon en 1977 ressort en CD avec une excellente restitution sonore. Première vision de l’étrange porte bien son nom, les atmosphères qui se succèdent au fil des plages n’ont rien de prévisible. Nous sommes face à un ovni musical : des références musicales apparaissent, mais elles s’effacent tout aussi rapidement, histoire de brouiller un peu plus les pistes.

Avec « Première vision de l’étrange », on songe à Univers Zéro ou à Magma, en particulier dans l’ouverture du morceau. Très vite les thèmes s’abreuvent de scansions qui emmènent la musique dans d’autres dimensions. Des climats sombres se succèdent, la basse de Marc Perdrix puise ses sons dans la rudesse du sol et les synthétiseurs de Jean-Michel Valette s’échappent vers des cieux tourmentés. La machine est soutenue par les coups secs sur la caisse claire de Charles Bevand, déterminé. Des éclairs de guitare, très techniques, dans la lignée de Potemkine ou Art Zoyd, enrichissent les harmonies de « m2c ». Là où des formations enthousiasment l’auditoire avec de grands moyens et par un nombre important d’instrumentistes, Ocarinah réussit à fasciner en trio. Cette économie de moyens se concrétise dans « Cycles cosmiques » qui évoque l’école de Canterbury.

Nul doute que les passionnés de musiques électroniques héritées du jazz seront conquis par ce disque qui invite aux voyages initiatiques, à l’image du parfum oriental émanant de « Cascades ». Oyonnax demeure la capitale des plastiques, mais ce matériau n’a plus la cote, les forêts de sapins environnantes succombent au réchauffement climatique et le groupe local Ocarinah a disparu. Une page est tournée.