Chronique

Jean-Michel Pilc

Symphony

Jean-Michel Pilc (p, comp)

Label / Distribution : Justin Time Records

Passé maître dans l’improvisation et l’orchestration, Jean-Michel Pilc est l’un des pianistes qui aiment se produire en soliste. Sa discographie comprend de nombreux enregistrements en solo et il aime relever des challenges comme dans What Is This Thing Called ? où, en solitaire, il enregistra 31 variations autour du thème célèbre de Cole Porter « What Is This Thing Called Love ? ». Avec ce nouvel album intitulé Symphony, le pianiste a enregistré sur un superbe Steinway aux studios OJM au Portugal. Les improvisations qui suivent oscillent entre un héritage de la musique classique et les univers jazzistiques très largement fréquentés par Jean-Michel Pilc.

L’entrée de « Leaving » nous transporte derechef dans une mélodie cristalline qui se développe avec un art de la séduction. « Discovery », qui lui succède, aborde des nuances rythmiques, les conjonctions imbriquées optant pour la nervosité. Avec « First Dance », le pianisme éblouit par sa gravité, la musique s’envole avec un ton euphorique. La science instrumentale qui habite Jean-Michel Pilc se dévoile encore plus dans l’exercice magistral aux couleurs volubiles qu’est « Understanding », l’anticipation des notes démontrant toute sa capacité à construire une ballade. Le temps est comme suspendu.

La diversité des climats émotionnels atteints dans le tourbillonnement gracile de « Not Falling This Time » permet de mesurer le travail inlassable qui a fait de ce pianiste intrépide un improvisateur accompli. Le talent ne suffisant pas, Jean-Michel Pilc a emmagasiné des musiques multiples tout en travaillant sa technique, ce qui lui permet de maintenir un cap décisif où son lyrisme ne sombre jamais dans un maniérisme malvenu.

La symphonie pianistique serait une incongruité à l’origine, le piano n’ayant pas la capacité de déployer ce maelstrom sonore que procure un grand orchestre. Dans le cas présent, ses quatre-vingt-huit touches et une tessiture d’un peu plus de sept octaves apparaissent comme une métaphore sous les doigts de Jean-Michel Pilc. Son parcours dans le domaine de la musique d’avant-garde lui permet de concevoir un monde qui magnifie les mélanges symphoniques de saveurs sonores de façon exquise.