Chronique

Olivier Manchon

Orchestre de Chambre miniature

Olivier Manchon (v), Hiroko Taguchi (viole), Christopher Hoffman (cello), Alan Hampton (b), John Ellis (ts, bcl), Hideaki Aomori (cl, bcl), Grégoire Maret (h).

Label / Distribution : Obliq Sound

Ça commence comme un orchestre classique. Un violon, une viole, un violoncelle et une contrebasse chantent à l’unisson pour « la Reine du petit déjeuner » (« Breakfast Queen »). Les mets se succèdent : une crème à la rose, quelques fruits, un gâteau au citron. Ce sont les cuivres qui apporteront le côté salé.

De la même façon que la pochette mélange allègrement l’anglais et le français, la musique mêle - magistralement - classique et jazz, écrit et oral. Le disque tout entier porte la trace du métissage géographique et artistique d’Olivier Manchon : né en région parisienne, il est installé à New York ; issu du violon classique, il a joué à Broadway ; arrangeur pour big band, il co-signe avec sa femme les compositions d’un groupe pop (Clare and the Reasons) à l’arrière-goût de Beatles. Dans cet « Orchestre de chambre miniature », seuls les cuivres et la contrebasse sonnent « jazz » ; le violon garde ses apprêts classiques. Ce sont des valses, des sonates, toutes « dévissées » ; les cordes prennent la place de la batterie absente, la contrebasse se prend pour une guitare… L’auditeur n’a pas à choisir entre un style et un autre. On croit entendre une clarinette, c’est un saxophone (John Ellis) ; et Grégoire Maret à l’harmonica émet des plaintes dignes du meilleur violon.

On aurait pu s’attendre à une sorte de mélancolie lyrique, mais Manchon évite le piège : pas de grandes envolées rose bonbon, mais de subtiles réminiscences - dont celle de la « mère-grand », peut-être, à qui est dédié l’album ? Les « Mémoires » scandent une musique parfois triste, qui chante la disparition ou, ce qui ici revient au même, le souvenir. Olivier Manchon mange de tout, comme la reine. La plaie est muée en terreau, la cendre changée en pollen.