Orchestre National de jazz d’Arménie
Le plus ancien orchestre national de jazz au monde ?
Armen Hyusnunts, le chef d’orchestre © Philippe Déjardin
Rencontre au Midem à Cannes avec le saxophoniste et compositeur Armen Hyusnunts, chef de cet orchestre depuis 2010. L’Arménie, qui commémore le Centenaire du génocide, était le pays invité d’honneur.
- La création d’un orchestre national de jazz en Arménie est assez surprenante, d’autant qu’il semble être le plus ancien au monde ?
Je ne savais pas qu’il était le plus ancien. Il a été fondé en 1938 par Artemi Ayvazyan [1], compositeur, sur décision de l’État. Cet orchestre a pris beaucoup d’importance du temps de l’Union soviétique, et il a été longtemps dirigé par Konstantin Orbelian [2]. C’était le plus connu des musiciens arméniens dans les années 70. Cela nous a permis d’atteindre à la notoriété internationale et de décrocher cette invitation aux USA.
- La section cuivres de l’Orchestre national de jazz d’Arménie
- Pour les Américains, le spirituel est présent dans le jazz. En Arménie l’est-il autant ?
Non, même si depuis quelques années Tigran Hamasyan oriente sa musique dans ce sens. Dans nos sources il n’y a pas de spirituel car nous le sommes déjà nous-mêmes. Pour nous, le symbole du jazz c’est l’honnêteté.
- Le militantisme est aussi présent, après les tragédies vécues ?
Oui bien sûr, car le jazz est parole vivante, et nous jouons ce que nous vivons.
- En 2000 vous avez joué avec Chick Corea.
Il était venu au festival de jazz d’Erevan, notre capitale. Nous avons improvisé ensemble, et ça a bien collé tout de suite. Après le concert, il y a eu une big jam session. Et j’étais là bien sûr !
- Vous n’avez sorti votre premier album, Moutain Dance, qu’en 2001.
Effectivement, mais il a été désigné « Meilleur album de Jazz fusion » de l’année aux Armenian Music Awards qui se tiennent USA ! Depuis, nous en avons sorti un deuxième, et le troisième sera enregistré prochainement.
- Pour ce concert commémoratif au Midem, vous aviez un plateau de stars venues d’horizons bien différents.
- Levon Malkhassyan, pianiste et père du jazz en Arménie
Ce n’est pas moi qui ai choisi les invité(e)s, mais nous donnons souvent des concerts ensemble à Erevan. Nous mélangeons facilement jazz et musiques traditionnelles. Ce soir, nous avons joué des reprises, mais également deux de mes compositions. Et nous avons eu le très grand honneur de jouer avec notre légende du jazz, le pianiste Levon Malkhasyan [3] Il est considéré comme le père du jazz en Arménie, et remporte un même succès auprès de toutes les générations.