Après Bey.Ler.Bey, le quintet Bumbac est le second orchestre du collectif Çok Malko à éditer un album cette année. Si les premiers revendiquent une improvisation libérée des modes, les cordes du Bumbac sont davantage attirées par une forme de tradition balkanique, sublimée cependant par les arrangements subtils de David Brossier, qui joue aussi de la viole d’amour. Grand spécialiste de la musique roumaine, il emmène Bumbac [1] jusqu’aux contreforts d’Istanbul au rythme de la contrebasse d’Anita Pardo. Le dialogue de la viole avec la violoncelliste Léonore Grollemund, notamment sur « Nici nu ninge, nici nu plouă » est le cœur - et la particularité - de ce Libre voyage dans les musiques des Balkans ; ces deux instruments proches de la voix humaine permettent toutes sortes de polyphonies qui cherchent à susciter la danse tout autant que l’émotion, ce que la violoniste Ariane Cohen-Adad et l’altiste Aline Haelberg relaient de manière enthousiaste.
On passe d’un pays et d’un climat à l’autre avec aisance et légèreté. Si le folklore n’est ici pas imaginaire, au sens où il est largement territorialisé, il est fécond, voire romanesque (« Kasap des Carpates » - Kasap signifie « boucher » en turc). La flânerie y est conseillée.
Quintet Bumbac
Libre voyage dans les musiques des Balkans
David Brossier (viole), Ariane Cohen-Adad (vln), Aline Haelberg (vla), Léonore Grollemund (cello), Anita Pardo (b)