Chronique

Rogê

Curryman II

Rogê (voc,g), Stephane San Juan (dm), Chester Hansen (elb), Gibi Dos Santos (perc), Abe Rounds (dm), Arthur Verocai (arr)

Label / Distribution : Diamond West Records

En mars 2023 sortait Curryman, premier album américain de Rogê [1]. Ce disque, qui lui permit d’acquérir les débuts d’une notoriété internationale, frappait d’abord l’auditeur par sa proximité avec ce qu’avait pu produire, à ses très riches heures, son compatriote Jorge Ben : voix qui redoublent quand la mélodie monte en intensité, manière à la fois souple et sèche d’attaquer les cordes de la guitare acoustique, son moelleux de la batterie qui n’empêche pas la musique de chalouper implacablement. Mais il y a aussi des chansons fichtrement bien charpentées, un savoir-faire d’écriture qui dépasse largement les limites du pastiche.

En novembre 2024, moins de deux ans plus tard, arrive le moment de Curryman II qui, avec son titre (ainsi qu’une familiarité graphique dans la pochette) s’annonce clairement comme la suite directe du précédent. Tout élogieux qu’on ait pu être avec le grand frère, il y avait tout de même à craindre de n’en avoir qu’une pâle resucée, le début d’une routine ou ce genre de sources de lassitude.

Mais non, cette fois encore les doutes s’estompent devant l’évident bonheur de retrouver cette douce sensualité, cette entraînante délicatesse, l’une et l’autre associées à, toujours, une grande qualité d’écriture assortie de quelques clins d’œil ou hommages aux racines indiennes et africaines de la musique brésilienne.

Enfin, signe de qualité qui aurait dû rassurer d’emblée à la lecture des notes de pochette, une nouvelle fois le chanteur bénéficie des arrangements élégants et efficaces du vétéran des partitions d’orchestre Arthur Verocai, connu pour son travail sur le chef-d’œuvre de Gal Costa, India, ainsi que pour ses collaborations avec Tim Maia ou… Jorge Ben (en 1971 et 1972, pas les plus mauvaises années de ce dernier).

par Aymeric Morillon // Publié le 15 décembre 2024

[1En 2019, ce chanteur suffisamment connu et apprécié dans son pays pour avoir coécrit la chanson thème des Jeux olympiques de 2016 au Brésil, quittait Rio de Janeiro dès les premiers mois de l’ère bolsonariste pour rejoindre Los Angeles.