Chronique

Ches Smith

The Bell

Ches Smith (dm, vib, timpani) ; Craig Taborn (p) ; Mat Maneri (alto)

Label / Distribution : ECM

Parce qu’il est frappeur, le batteur n’évoque pas spontanément la délicatesse.
A priori très injuste tant nombre de manieurs de baguettes savent être de très subtils accompagnateurs.
A priori encore plus nettement démenti quand vient l’idée à certains de produire d’aussi gracieuses pièces que celles servies par Ches Smith sur The Bell, son premier album.

Les improvisations plus suspendues que débridées, proches dans l’esprit d’une certaine épure asiatique qu’on peut trouver dans la danse butō, la « danse du corps obscur » où, dans la lenteur et l’infinitésimal, se nichent de tempétueux mouvements propres à faire chavirer l’âme.

Piano - Craig Taborn, excellent comme à son habitude - et percussions se mélangent au point qu’il devient parfois impossible de discerner qui est le mélodiste, qui le rythmicien.

Le violon alto de Mat Maneri excelle pour créer des atmosphères de tensions paradoxales faites de décomptes implacables mais comme habités de paix, des figures lancinantes, étirées mais lumineuses.

Un disque qui tient presque autant de la musique contemporaine que du jazz, se trouvant par là tout à fait en phase avec son label comme avec son auteur qui, ayant travaillé aussi bien bien avec Terry Riley qu’avec Wadada Leo Smith, maîtrise les deux idiomes comme un parfait bilingue.