Chronique

Ryan Cohan

Originations

Ryan Cohan (p), John Wojciechowski (clar, fl, alto fl, tenor sax), Geof Bradfield (bass clar, soprano sax), Tito Carrillo (tp, flugelhorn), James Cammack (acoustic bass), Michael Raynor (dms), Omar Musfi (riqq, frame drum, dumbek), KAIA String Quartet : Victoria Moreira (vl), Naomi Culp (vl), Amanda Grimm (viola), Hope DeCelle (cello)

Label / Distribution : Origin Records

C’est un chef-d’œuvre de près de 9 minutes qui ouvre le sixième et nouvel album du pianiste et compositeur de Chicago Ryan Cohan.

Cette pièce maîtresse s’intitule « The Hours Before Dawn », phrase du poète Mahmoud Darwish (1941 – 2008), pour décrire l’attitude de ses frères palestiniens à l’égard d’une promesse d’avenir : « le peuple palestinien a le sentiment de vivre les heures précédant l’aube ». Ryan Cohan dit se référer ici à un sentiment d’espoir universel.

L’introduction au violoncelle et piano s’élève comme une méditation. De la musique classique qui se colore progressivement, avec l’entrée des cordes et des percussions, de mélodies et rythmiques moyen-orientales.

Une ouverture parfaite sur un imaginaire de cette région du monde, tel que le véhicule l’album intitulé Originations sorti le 17 juillet 2020 sur le label Origin Records.

L’album se compose de six pièces enregistrées à Chicago en novembre 2018, qui s’écoutent d’une traite comme une suite, même si le pianiste ne les a pas forcément pensées de la sorte.

Six pièces écrites pour un ensemble de jazz de chambre de 11 musiciens, parmi lesquels figurent certains des membres du sextet actuel avec lequel se produit Ryan Cohan : le contrebassiste James Cammack (38 ans de carrière au sein du Ahmad Jamal Trio), Geof Bradfield à la clarinette basse et saxophone soprano, et le trompettiste et bugliste Tito Carrillo. S’y associent le batteur Michael Raynor , John Wojciechowski aux flûtes, clarinette et saxophone ténor, et Omar Musfi aux percussions orientales.

Un quartet féminin de cordes - The KAIA String Quartet – assure le liant, donne corps aux arrangements qui tissent cette œuvre absolument magnifique et évocatrice de bout en bout, entre musique classique et jazz aux parfums orientaux.

Coup de cœur également pour la pièce de plus de 7 minutes intitulée « Heart », pour sa construction, la grâce et la lumière qu’elle dégage du début à la fin.

Le résident de Chicago dit vouloir refléter musicalement « les connexions vitales humaines et spirituelles qui relient les différentes cultures, traditions et idéologies », un message certes bien universel mais qui prend une signification au travers de son histoire personnelle.

Né en 1971 d’une mère pianiste classique et élevée dans la religion juive, Ryan Cohan arrive pour la première fois en Jordanie à Amman il y a sept ans, au terme d’une tournée internationale.

Il raconte qu’il a immédiatement ressenti quelque chose de familier et que le public lui demandait systématiquement s’il était jordanien.

Ce n’est qu’après une réunion de famille avec son père, originaire de cette région précise mais qu’il n’avait pas revu depuis l’enfance, qu’il a fait le lien avec cet héritage arabe qu’il porte en lui.