Chronique

Baiju Bhatt & Red Sun

Eastern Sonata

Baiju Bhatt : vln - Valentin Conus : sax soprano et tenor - David Tixier / Mark Priore : p - Blaise Hommage : b - Cyril Regamez : dm - Special guests : Nguyên Lê : g et Prabhu Edouard : tablas, perc

Label / Distribution : QFTF

La pochette pique un peu mais faites-nous confiance, vous ne risquez à l’écoute aucune brûlure gastrique ni choc glycémique typiques de la rue Cail à Paris. Au contraire !

Eastern Sonata, premier album en studio de Baiju Bhatt & Red Sun sorti en décembre 2018, est une pépite, un bijou. Le répertoire composé par le violoniste prodige indo (par son père) – suisse (par sa mère) est brillant, vivifiant, bourré d’énergie.

Le Red Sun, son quintet transalpin déjà distingué depuis sa création en 2014 par un prix d’excellence de la Haute École de Musique (HEMU) de Lausanne, porte particulièrement bien son nom : le son de groupe est resplendissant. Il faut souligner que le mixage de l’album est assuré par le guitariste Nguyên Lê, qui joint également sa guitare au son du quintet sur un titre, « The Joyful Warrior ».
La section rythmique explosive est encore augmentée de Prabhu Edouard, invité de luxe aux percussions et tablas. La communion est totale.
Baiju Bhatt recompose un Orient fantasmé qui emprunte au jazz manouche (et offre un unisson entre le violon et le sax dans « Pari Shokogun »), à l’Europe de l’Est (« Eastern Sonata »), à l’Afrique (le oud de Amine Mraihi sur « Cosmopolis »), à l’Inde évidemment (le sitar de son propre père sur « Song for a Little Shai »), au celtique même (« Ode to the White Ape »)…
Ce qui lui plait c’est d’être « quelque part entre les deux » : entre l’Inde et la Suisse, entre l’Orient et l’Occident, entre le modal et le tonal, entre l’écrit et l’improvisé, entre musique savante et populaire. A cet égard le répertoire de Eastern Sonata reflète en musique, avec une grande richesse créative, le questionnement sur l’identité. Baiju Bhatt fait de son violon, instrument nomade par excellence, le passeur d’une musique de rencontre, de lien entre ses origines indiennes et ses formations musicales.

Et ce qui est magnifique dans cet album, c’est la sonorité du violon, l’importance que cet ancien élève de Pierre Blanchard, Didier Lockwood, Jean-Luc-Ponty et également professeur au conservatoire de Lausanne, accorde au respect de la sonorité de son violon amplifié avec lequel il travaille à recréer un nouveau son.