Chronique

Hermon Mehari

A Change For The Dreamlike

Hermon Mehari (tp).

Label / Distribution : Mirr

Repéré comme un trompettiste parmi les plus talentueux de sa génération, Hermon Mehari sort un deuxième album intitulé A Change for the Dreamlike, le deuxième qu’il écrit et produit lui-même. Sorti d’abord en juin 2020 en version numérique sur Bandcamp, l’album fait l’objet d’une sortie physique le 13 novembre 2020 sur le label MiRR.
À la brillance technique du premier album Bleu, paru en 2017, succède une recherche plus introspective avec ce deuxième disque réalisé durant les mois de confinement dans une grange équipée d’un studio, chez des amis qui l’hébergeaient à Bassignac-le-Bas en Corrèze, ses invités sur l’album lui envoyant à distance leurs parties. En sept titres, Hermon veut livrer un journal personnel, « une sorte de mixtape moderne de rêves » dit-il, sous-tendu par son goût pour les textures modernes de production.

Hermon Mehari a grandi à Jefferson City, Missouri. Diplômé en 2010 de la UMKC – University of Missouri Kansas City – il a cofondé le trio Diverse avec deux autres musiciens de Kansas City, le batteur Ryan J. Lee et le bassiste Ben Leifer. Ils ont livré deux albums dont le dernier, Our Journey, sorti en 2014, invite également le pianiste parisien Tony Tixier et le saxophoniste Logan Richardson. Lauréat en 2015 du Concours International de Jazz Trompette Solo Carmine Caruso, Hermon Mehari a été en 2014, demi-finaliste du Concours de Jazz Thelonious Monk.

Hermon vit à Paris où il est actif au sein du collectif parisien de musiques créatives MIRR. On a pu l’entendre au cours des derniers mois écoulés de 2020 sur les albums de Benjamin Sanz (collectif MIRR) The Escape, sur la création de Sélène Saint-Aimé Mare Undarum, ou encore la livraison de Tony Tixier I Am Human.

A Change For The Dreamlike s’ouvre par un superbe solo de trompette sur le titre « Shenandoah » - du nom d’une vallée américaine en Virginie - une chanson folk qu’il aime depuis longtemps.

Sur le titre dépouillé « A Conversation with my Uncle », suivi de « Eritrea », Hermon réfléchit à lui-même en tant qu’afro-américain originaire du Missouri, porteur d’un héritage érythréen. C’est la voix de son oncle sur le morceau, qui raconte la traversée de son père migrant réfugié en raison de la guerre Érythrée / Éthiopie, du Soudan à la Yougoslavie, à l’Italie et finalement aux États-Unis. Hermon explique qu’un de ses plus grands regrets est de ne pas avoir enregistré le récit par son père, décédé il y a quelques années, et qu’il a donc demandé à son oncle de le faire.

Sur le titre« I Cry for Our People, » il associe Ryan J.Lee – son camarade de la UMKC et membre du trio Diverse. Pensé comme une ode à la diaspora africaine dans le monde, l’intitulé résonne avec colère et tristesse dans le contexte de brutalités policières qui ont personnellement affecté la famille de Ryan J. Lee.

par Alice Leclercq // Publié le 8 novembre 2020
P.-S. :

Guests : Tony Tixier (p ; #2), Jeff Hill (dms ; #2), Tesfai Tsehaie (voc ; #3), Peter Schlamb (p, vib ; #4), Karl McComas-Reichl (bass ; #4), Hugo LX (drum production ; #4, #7), Kae Dilla (rhodes, synth ; #5), DeAndre Manning (bass ; #5), Zach Morrow (drum production ; #5), Ryan J. Lee (dms ; #6)