Chronique

Sandrine Mallick

Lucioles

Sandrine Mallick (voc), Ludovic Beier (acc, accordina, p, kb), Ph. « Doudou » Cuillerier (g), A. Licusati (b), F. Rottier (dm, perc), J.-P. Jamot (banjo, mandoline, g), Angelo Debarre (g)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

Le swing manouche est un petit monde où l’auditeur averti retrouve souvent de vieilles connaissances, des maîtres de la pompe aux solistes les plus vifs. Une poignée de noms dans un line-up suffit souvent à prédire la qualité sans faille d’un enregistrement. Ainsi, Lucioles affiche, outre quelques visites d’Angelo Debarre, un socle rythmique constitué de Doudou Cuillerier, accompagné de son contrebassiste habituel Antonio Licusati et de l’accordéoniste Ludovic Beier, qui compose la très grande majorité des morceaux.

L’intérêt supplémentaire de l’album est de faire découvrir la chanteuse Sandrine Mallick. Si cette artiste éclectique s’est fait remarquer depuis une quinzaine d’années dans différentes comédies musicales (dont Chantons sous la pluie et Frou-Frou-les-Bains, récompensés par un Molière en 2001 et 2002), quelques rôles au cinéma et un premier album solo, C’est loin tout ça, consacré aux chansons de la Libération, Lucioles marque sa première incursion dans l’environnement du swing. Sa manière de chanter est donc logiquement influencée par ces expériences de comédienne chanteuse, ce qui donne aux chansons un caractère particulièrement vivant et tonique.

Cette facette est encore renforcée par les textes eux-mêmes, qu’elle a presque tous signés. Mallick a un talent particulier pour peindre avec humour et tendresse les méandres de l’existence : la nécessité de ne pas se laisser ronger par un rythme de vie urbain effréné (« Swing à la Villette »), l’enfer de la vie de couple au quotidien, vue ici à travers le regard du mari d’une cantatrice internationale (« Dans l’ombre de ma diva »), la difficulté d’arrêter de fumer (« Volutes »), la nostalgie (« Les p’tits moineaux »)… Plusieurs titres « sentent le vécu », comme on dit, et sont consacrés aux difficultés des Intermittents et à la vie sur la route des artistes qui ne sont pas des célébrités. Mais elle a l’intelligence de ne jamais tomber dans le démonstratif et parvient à développer finement son propos sous un angle anecdotique. Cette habileté dans l’écriture, conjuguée aux grandes qualités de l’interprétation et de l’accompagnement, rendent ce disque attachant et vivifiant.