Chronique

Rabih Abou-Khalil

Nafas

Rabih Abou-Khalil : oud ; Selim Kusur : nay, voix ; Glen Velez : percussions ; Setrak Sarkissian : derbouka

Label / Distribution : ECM

Cet enregistrement, paru en juin 2001 mais relativement ancien dans la discographie de Rabih Abou-Khalil, nous ramène à une période où celui-ci n’avait pas encore définitivement mêlé les influences jazz à la musique traditionnelle, ni marié des instruments de divers horizons.

On est immergé ici au coeur de morceaux à la sonorité totalement traditionnelle. Les percussions sont omniprésentes (deux titres en solo, un titre en duo) et servent de base aux morceaux, autour de laquelle viennent se greffer de longues improvisations de flûte ou de oud après l’exposition d’un thème le plus souvent minimaliste. Les deux percussionnistes s’aventurent fréquemment dans des solos simultanés qui offrent aux morceaux une grande énergie festive. Les pièces semblent très peu écrites, bien plus libres que les compositions présentées dans les albums postérieurs de Rabih Abou-Khalil. Le oud n’est pas mis en avant et reste à égalité, en terme d’expression, avec la flûte. Le son, estampillé ECM, se caractérise comme d’habitude par une forte réverbération (moins
tout de même que dans les albums récents) et contribue ainsi à la forte sensation d’espace et d’immensité qui se dégage au fil de l’écoute.

Difficile donc d’imaginer que ce disque a été enregistré à Oslo par un glacial mois de février 88 tant il évoque le souffle chaud de l’harmattan. Tant l’auditeur semble être perdu entre les dunes par une nuit fraîche et illuminée d’étoiles, écoutant un échange improvisé entre quatre voyageurs de sable et de vent.