Tribune

Sir Charles Thompson (1918 - 2016)


« Sir » Charles Philip Thompson, pianiste, organiste, compositeur et arrangeur, vient de disparaître à un âge très avancé, à Tokyo où il vivait et jouait encore à 90 ans passés. Ce seul élément aurait pu attirer l’attention. Mais non. Discret, élégant, jusqu’en cette façon de s’en aller sur la pointe des pieds. Lester Young aimait donner des surnoms à ses amis musiciens, ceux qu’il affectionnait vraiment. C’est lui qui l’a anobli. On ne compte plus les sessions de jazz auxquelles il a participé, on cherche celles qui furent publiées sous son nom. Elles sont rares.

Son style ? Quelque part entre Count Basie et Ahmad Jamal, pour aller vite. Trop vite, car s’il tient de Basie pour le sens de l’économie (mais Jamal, dans son genre…), il touche aussi aux pianistes du bop naissant. Il a accompagné Charlie Parker dans des sessions « Apollo » mémorables, mais aussi Dexter Gordon, Coleman Hawkins, Joe Newman, Buck Clayton. Un homme de chez Basie, donc de Kansas City, ouvert à ce qui se présente vers la fin des années 40 en matière de renouvellement du répertoire. Et sur le tard, le label français « Black And Blue » l’accueille pour un beau disque en trio (1974). Proche de Nat Pierce, il savait comme ce dernier se faire passer pour Comte alors qu’il était « Sir ».

Si vous trouvez ses disques (facilement, même rares ils se trouvent pour une bouchée de pain), écoutez son phrasé parfaitement équilibré, sa manière perlée, et ses idées qui relancent les solistes. So long…


Wembley Town Hall, London in 1964
Sir Charles Thompson - p / Jimmy Woode - b / Jo Jones - d