Slagr

Linde

Anne Hytta (vln), Katrine Schiøtt (cello), Amund Sjølie Sveen (vib, perc))

Distribution / Label : Hubro

Le mot nordique slagr signifie mélodie et sa racine, slá : frapper, même si ici l’on frotte, plus qu’on ne les cogne, les lames, les cordes et les verres. Le groupe norvégien fêtera l’an prochain ses 20 ans d’existence et Linde est son sixième album. Cette longévité est certes la garantie d’un son de groupe abouti et d’une maturité certaine, mais au-delà, elle en dit long sur le rapport au temps développé tout au long du disque. Les trois musiciens rejettent toute urgence et gèlent chaque instant pour nous plonger dans un état de méditation tout à la fois nostalgique et joyeux.
Slagr se définit comme un groupe jouant de la musique folk-contemporaine. Cet apport contemporain aux sonorités nordiques est plus à chercher dans l’expressivité minimaliste d’un Max Richter que dans la pisse-froideur d’un Pierre Boulez, et peu s’en plaindront. Les mélodies, superbes, s’étirent dans un lyrisme pudique et les motifs bouclés du vibraphone évoquent par moment le Gnostic Trio de John Zorn (Søvnløs, Legende).
La violoncelliste Katrine Schiøtt, qui signe toutes les compositions de l’album, a voulu décrire son état de mère après l’accouchement. Entre félicité et dépression post-partum, sérénité et vulnérabilité. Cependant, nul besoin de disposer d’un utérus pour pleinement apprécier Linde. Au bout de quelques coups d’archet, chacun-e se laissera délicieusement glisser dans un état contemplatif, semi-hypnotique, propice à l’introspection.