Chronique

Alex Tassel

Serenity

Alex Tassel (bugle), Sylvain Beuf (saxes), Laurent de Wilde (p), Diego Imbert (b), Julien Charlet (dr)

Label / Distribution : Moods Recordings

Les facettes d’Alex Tassel sont si nombreuses et si diverses qu’on sait rarement à quoi s’attendre quand il publie un nouvel album. Cette année 2015, chargée d’actualité pour lui, voit sortir Serenity en avril et Brotherhood à l’automne. Volonté affichée de présenter deux répertoires très différents, ce dernier disque s’annonce très électrique. À noter la présence de DJ Grazzhoppa, déjà présent sur Movements, sorti en 2008 chez Naïve : comme un retour au Tassel de Wise, de DJ Cam, ou des multiples collaborations électro ou hip hop dont il est coutumier.

Pour l’heure, Serenity met en scène une section rythmique affûtée et légère avec rien moins que Laurent De Wilde, Julien Charlet et Diego Imbert. Aux sax, Sylvain Beuf vient compléter ce quintet qui sévit depuis déjà sept ans. Alex Tassel, quant à lui, exploite toute la rondeur et la séduction de son bugle mais il n’hésite pas à en jouer aussi comme d’une trompette (quand la plupart des trompettistes font l’inverse), allant y chercher brillance et clarté.
On a donc ici un jazz plus acoustique, aux accents hard bop, avec une tendance aux atmosphères calmes et au lyrisme ; d’où le titre…

Beaucoup de références jalonnent ce disque, de Chet Baker aux Jazz Messengers. Miles également, avec, par exemple, l’ambiance nocturne et vaporeuse dans laquelle « Mort dorée » nous plonge, si proche d’Ascenseur pour l’échafaud bien que d’une autre esthétique.

Avant de se refermer, l’album nous offre le remarquable « So Foggy », fleurette africaine déposée au pied du monument Duke Ellington. Les soufflants se lovent l’un dans l’autre ; le timbre de Tassel, chaud et perçant, semble éclairer le grain vibrant de Sylvain Beuf et inversement. La rythmique Charlet - Imbert - De Wilde fait montre d’une magnifique délicatesse. Un hommage très émouvant au trio de Money Jungle.