Chronique

Seb Necca Quartet

Look Inside

Sylvain Charrier (vb), Sébastien Necca (dr), Pierre Drevet (tp), Régis Ferrante (s)

Première évidence, l’instrument harmonique est ici le vibraphone - ni guitare, ni piano… Si ses illustres représentants (Lionel Hampton, mais aussi, plus près de nous, Franck Tortiller ou Pascal Schumacher) l’ont porté de main de maître - et continuent à ce jour -, le fait est trop rare pour ne pas être relevé au passage.
Ensuite, Sylvain Charrier en joue magistralement ; notons son long et riche chorus sur la poignante « Chanson pour Gustav », un des plus beaux morceaux du disque. Le batteur Sébastien Necca n’en reste pas moins leader : il signe huit compositions sur dix et on sent bien qu’il emmène avec brio et passion ce très jeune quartet dont le nom était donc tout trouvé. Pourtant, ce leadership n’est pas forcément évident à assumer. Il n’est pas si fréquent qu’un batteur compose les parties harmoniques, et sa formation de trompettiste mais aussi de bassiste lui a sans doute facilité l’accès à l’écriture ; c’est e tout cas - en bon multi-instrumentiste - au piano qu’il a écrit toutes les parties, à l’exclusion bien entendu des chorus.

Pour l’occasion, le quartet s’est adjoint Pierre Drevet sur plusieurs morceaux. Outre ses qualités de trompettiste, ce dernier joue sans doute ici un rôle de « parrain » puisque nos jeunes Rhône-Alpins ont été ses élèves au conservatoire de Chambéry. On l’entend à de multiples reprises filer à toute allure sur une musique qui souvent groove très bien. A cet égard, il faut prêter une oreille attentive à « Sorti du blizzard », très belle composition où les souffleurs se donnent la réplique tandis que batterie, vibraphone et contrebasse rythment l’ensemble de manière obsédante ; elle se termine par un chœur très aérien. Cette idée de chœur de souffleurs, du reste, est présente sur d’autres compositions, notamment « Happy Sadness » ou encore « Alaé » et, çà et là, ce quartet + 1 s’apparente à un mini big band.

La structure des morceaux est, en revanche, classique puisque thèmes et chorus s’enchaînent, même si tous les instrumentistes ne prennent pas systématiquement de solo. Régis Ferrante est le plus prolifique mais on comprend que l’association « saxophone » et « soliste » est plus spontanée. Il faut, à ce titre, attendre « Dark Side of the Street », le dernier morceau, pour entendre un solo de Sébastien Necca. Peut-être parce qu’il a fait le choix de mettre en avant ses compositions et les musiciens qu’il a entraînés dans cette aventure ? Peut-être aussi parce que, leader d’un mini big band de quatre plus un, il s’attache à distribuer les rôles ? C’est néanmoins lui qui clôture l’album, en guise de clin d’œil et après un silence de deux minutes (si, si, votre lecteur ou votre baladeur fonctionnent bien).

Par-dessus tout, il faut souligner que les mélodies, très belles, imprègnent durablement l’oreille. C’est incontestablement le point fort de cet album et, très vraisemblablement, de ces musiciens. Elles méritent largement le qualificatif de « percutantes ». Que le vibraphone ou la batterie y participent, cela tombe sous le sens, mais Drevet à la trompette ou Ferrante aux saxophones ne sont pas en reste. L’antépénultième « Point de vue » ou le thème d’« Elastic City » en sont de belles illustrations mais en fin de compte, il faudrait citer la totalité de l’album. C’est une des caractéristiques majeures de ce premier et très agréable disque, et de ce groupe vraisemblablement promis à un bel avenir.