Chronique

TaxiWars

TaxiWars

Tom Barman (voc) ; Robin Verheyen (saxes) ; Nicolas Thys (b) Antoine Pierre (dm)

Se plonger dans TaxiWars, c’est goûter au confort paradoxal des ambiances à la fois ultra-balisées mais toujours inquiétantes.
Lorgnant vers une sorte de jazz enfumé jusqu’au cliché assumé et transmué en force ludique, puissante et entraînante, cette musique urbaine de trottoirs humides et de rues sombres vous entraîne dans son univers de références comme vous prend une histoire cent fois entendue mais toujours imparable.

Derrière cet épatant projet, il y a le saxophoniste belge Robin Verheyen, ayant frayé aux côtés de Marc Copland, Gary Peacock ou Joey Baron. Il y a également Tom Barman au nom taillé pour se glisser sans effort dans cette musique des heures nocturnes et qui fut à la tête d’un des plus - si ce n’est le plus - important groupe de rock belge de ces vingt dernières années : dEUS. Ce monsieur a beau venir du rock, il n’est pas pour autant un ignare en matière de jazz. En 2012, Universal Belgique lui demandait de compiler ses favoris du mythique label américain Impulse ! pour trois CD sur lesquels on pouvait retrouver Pharoah Sanders, John Coltrane, Sun Ra, Archie Shepp ou Max Roach, entre autres grands noms.

Une influence ici très perceptible, tant le son s’attache à coller à cette splendide rugosité des hurleurs du free sixties. Les instruments et la voix. Le chanteur râle, joue du rauque, et, s’aidant parfois d’effets électroniques de bon aloi, fait tonner et rouler les graviers dans son gosier, au diapason de cette rugosité.
Il y a là quelque chose qui fait songer, dans une version beaucoup plus enlevée et directe, à Tom Waits – jusque dans les initiales du groupe – pour ce jeu conscient, distancié mais pas trop, avec les clichés que véhicule le jazz. Jeu gagnant.