Chronique

Virginie Teychené

Encore

Virginie Teychené (voc), Stéphane Bernard (p), Olivier Ker Ourio (hca), Gérard Maurin (b), Jean-Pierre Arnaud (dms)

Label / Distribution : Jazz Village

On savait que Virginie Teychené avait ce que seules les grandes chanteuses possèdent : un swing inné, la sensibilité, la justesse, la puissance (quand il le faut) et la capacité à improviser. On savait que Virginie Teychené était experte ès standards, capable de leur redonner un lustre pour des années et des années encore. On ne savait pas qu’elle serait tout aussi capable de magnifier un répertoire reposant en partie sur des chansons françaises, quelques standards (« Eu sei que vou te amar », « But Not For Me »…) et des compositions personnelles (comme le titre éponyme écrit avec son mari, le contrebassiste Gérard Maurin).

Rien de mieux pour se mettre dans l’ambiance que de commencer avec « Jolie Môme », a capella (ou presque, puisqu’elle n’est accompagnée que par l’élégant jeu de balais de Jean-Pierre Arnaud (idem pour la sublime version de « Doralice »). La voix nue, comme simplement vêtue d’un léger déshabillé. Suit le latin « Elle ou moi » (Marcus Malte et Gérard Maurin), joli texte et superbe mélodie. Et l’on voit que ce nouveau quintet (on retrouve Stéphane Bernard au piano et l’harmoniciste Olivier Ker Ourio remplace, si l’on peut dire, le trompettiste François Chassagnite, décédé en 2011) fait mouche, dans tous les répertoires. Plongée ensuite dans un standard moderne de la chanson française avec une chanson « iconique », pour ainsi dire : « Madame Rêve ». Ni l’auteur (Pierre Grillet), ni le compositeur (Alain Bashung), ni nous d’ailleurs, n’aurions pu imaginer que Virginie Teychené puisse emmener ce chef d’œuvre aussi loin, ou plutôt, tellement ailleurs. Vocalises, descente abruptes et raides ascensions, Virginie Teychené utilise presque toutes les facettes de son talent ici.

On pourrait, aux vues de la diversité des morceaux interprétés, craindre une sorte de patchwork comme lorsqu’un artiste n’ose pas aller au bout de ses intentions (il aurait pu s’agir ici d’un répertoire totalement chanté en français). Il n’en est rien. Ce glissement de terrain est maîtrisé. Du coup, on en redemande, Encore. Un conseil pour la route : si vous en avez la possibilité, allez les écouter. Ils ne savent même pas rater un concert.