Parmi la flopée de grands orchestres de jazz moderne, dont un très grand nombre d’excellente facture, figure le Winnipeg Jazz Orchestra. Certes, les amateurs de grands volumes pourraient se satisfaire d’autres formations du genre – il faudrait d’ailleurs une pleine page pour les citer – mais si la curiosité vous pique, foncez donc mettre sur la platine ce Twisting Ways.
L’esthétique est somme toute assez classique – ce qui est loin d’être un inconvénient – mais surtout la musique y avance à pas de chat, par bribes, par motifs qui se dévoilent petit à petit. On n’a guère l’impression d’un navire de guerre même si la distribution compte trois vocalistes, huit saxophonistes, cinq trompettistes, autant de tubistes et une assise harmonique et rythmique composée d’un piano, d’un vibraphone, d’une basse et d’une batterie. En fait, il faudra tendre l’oreille pour apprécier comme il le faut les subtilités sonores que rend possible un orchestre de cette envergure. Mais tendre l’oreille, c’est accepter cet univers qui, s’il n’est pas minimaliste, est envisagé sur le registre d’une réserve bien dosée. Pas de timidité, pas de fausse modestie non plus, juste une musique qui met en exergue un collectif et les trois vocalistes qui lui donnent une belle couleur.