Chronique

Yaron Herman

Everyday

Yaron Herman (p), Ziv Ravitz (dm)

Label / Distribution : Blue Note

La formule piano/batterie, que Yaron Herman a contribué dès son premier disque à populariser, se répand. C’est quand même surprenant, ces effets de mode : qu’est-ce qui peut bien pousser les musiciens à se tourner au même moment vers ces associations à la fois originales et inusitées ? Dans un passé assez lointain, on a parfois connu des duos de ce genre, mais les « batteurs » se contentaient la plupart du temps de frotter des balais sur des surfaces propices. Ils accompagnaient… discrètement.

Là, nous sommes dans un dialogue revendiqué, même si le disque est signé du seul pianiste. Quant au contenu, il résume assez bien les quelques belles années de concerts et de musique que Yaron Herman vient de vivre et de nous faire partager. Soit une manière d’être dans une allusion classique permanente (Scriabine, Prélude n°4 op. 74), d’habiter l’improvisation propre au jazz dans un esprit toujours proche du Jarrett des années 70 (the best !), et d’ajouter à ce beau mix la touche « pop » qui signe la modernité du propos. Si « étape » il y a dans la carrière du pianiste avec ce premier « Blue Note », c’est - en prolongeant la métaphore cycliste - plus une étape de transition qu’un contre la montre ou une étape de montagne. Autrement dit, on traverse de sublimes paysages, mais on n’atteint pas les sommets.

J’aime beaucoup le thème-titre (« Everyday »), avec sa douceur initiale et ses rebonds. Aussi l’étrange « Volcano », chanson réalisée avec Valgeir Sigurdsson (producteur de Björk) autour de la voix de l’Islandais Helgi Jonsson. Le prélude de Scriabine est arrangé pour laisser une petite place à la batterie. J’ai bien aimé aussi « Retrograde » et son côté obsessionnel. Un album aux couleurs variées, intelligemment séduisant.