Chronique

Aerophone

Flyin’ With

Yoann Loustalot (tp, bugle), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm), guest : Naissam Jalal (fl)

Label / Distribution : Bruit Chic

Aérophone poursuit sa quête d’espaces nouveaux, dans le prolongement esthétique d’un autre fameux trio avec trompette et tambour, celui de Dave Douglas (Tiny Bell), dont on regrette fort qu’il ait si vite disparu des écrans-radar. En effet, les possibilités offertes par cette instrumentation sont encore largement inexplorées, ou du moins très ouvertes. D’emblée, le parcours proposé par « Souris de poche », ondoyant, divers, rebondissant, surprenant même, déploie toutes les facettes de la manière à la fois savante et séduisante du trio : phrasé aux arêtes vives, rythmes superposés et variés, tendresse du son.

Yoann Loustalot semble être cette fois parvenu à une certaine forme de plénitude. Non que sa musique prenne, pour s’affirmer, les voies actuelles de l’extériorisation à outrance, ou au contraire du narcissisme exacerbé de l’intime. C’est tout l’inverse chez lui, et il faut aller le chercher derrière, ou à travers, la musique pudique qu’il propose. Secrète et bien écrite, elle offre de surcroît à notre écoute la flûte de Naissam Jalal, décidément demandée dans divers contextes (cf. le très récent Jasmin d’Hubert Dupont), et bien mise en valeur dans un des grands moments du disque : « Ballade pour Naissam ».

J’ai souvent évoqué, pour parler de la sonorité et du phrasé de Yoann, Art Farmer. Cette référence (si l’on accepte le jeu des références) s’est un peu atténuée au profit d’une multitude d’autres (de Kenny Wheeler à Dave Douglas), et l’on oublie vite d’y penser au fil de ce nouveau disque. Flyin’ With, paru sur le label Bruit chic, marque une véritable avancée vers ce qui fait de Loustalot, aujourd’hui, un des trompettistes français les plus originaux. Plus que jamais, à suivre et à encourager.

A écouter :