Chronique

Cholet-Känzig-Papaux Trio

Connex

Jean-Christophe Cholet (p), Heiri Känzig (b), Marcel Papaux (dms)

Label / Distribution : Cristal Records

Quelques mois après un Hymne à la nuit admirable [1], Jean-Christophe Cholet, Heiri Känzig et Marcel Papaux ont repris le chemin des studios de La Buissonne pour enregistrer un sixième album dans la sereine intimité d’un trio qu’ils partagent depuis près de dix ans : on retrouve avec Connex la formule piano/basse/batterie, classique et égalitaire. Une rythmique élégante autant qu’efficace sur laquelle le piano de Cholet joue avec un beau sens de la nuance, et qui a construit la réputation de ce trio.

On évoque souvent, au sujet de ce pianiste, le raffinement d’une écriture influencée par la musique écrite européenne. Son jeu, dans le trio Cholet-Känzig-Papaux, plante fermement ses racines dans un jazz moderne qui ne s’interdit aucun chemin. « Triplettes » ouvre l’album sur un très bel échange entre le bel archet de Känzig, plus solide et structurant que jamais, et le jeu leste de Cholet, qui s’empare d’un thème très contemporain. Aux déluges harmoniques chers à EST, il préfère accompagner les deux Suisses via la construction d’un langage commun, sans se préoccuper de leadership ou d’on ne sait quelle esthétique monolithique. La limpidité de l’écriture explique la sérénité de Connex qui, plus que les précédents albums, accorde une grande place aux ballades (« Fantine ») sans que soit pour autant abandonné le solide groove du trio. Il suffit pour s’en convaincre de s’en remettre au percutant « Letter from HK »…

La confiance manifeste qui règne entre les musiciens s’illustre surtout sur les morceaux signés collectivement. Ceux-ci trahissent les heures d’écoute mutuelle et une volonté non moins évidente de ménager une place à chacun sans restreindre l’étendue de son jeu ni le pousser vers des prouesses techniques inutiles. Un exemple : le très justement nommé « Choral », conversation sereine entre une profonde ligne de basse et les arabesques coloristes et très musicales de Papaux, à peine effleurée par la main droite de Cholet qui lui donne du relief. Cette capacité, chez le batteur, à donner tout au long de l’album de l’espace à ses comparses est sans doute une des clés de la cohésion du trio. D’album en album, Cholet-Känzig-Papaux devient une référence mondiale.

par Franpi Barriaux // Publié le 26 décembre 2011

[1Sur le label La Buissonne, et en compagnie du chœur Arsys Bourgogne et d’Elise Caron.