Chronique

Csaba Palotaï-Simon Drappier-Steve Argüelles

Sunako

Csaba Palotaï (g), Simon Drappier (bar g), Steve Argüelles (dms).

Label / Distribution : BMC Records

Csaba Palotaï et Steve Argüelles : le gang des trémas anglo-hongrois (comme les surnomme le camarade Franpi Barriaux) frappe pour la troisième fois. Depuis plusieurs années maintenant, ces expatriés installés en France enrichissent l’Hexagone de leur musique personnelle qui ne cherche pas la révolution des formes, mais creuse au contraire une sensibilité à la fois accessible et toujours réjouissante.

Après deux précédents productions, en trio au côté de Rémi Sciuto sur Antiquity ou simple duo pour le réussi Cabane Perchée, voilà qu’ils reviennent avec un nouveau trio que complète cette fois le guitariste baryton Simon Drappier (membre par ailleurs du groupe d’électro-acoustique Cabaret Contemporain). Plus que jamais le plaisir du jeu est ici palpable et la prise de son sans afféterie contribue pleinement à la réception de cette musique spontanée et séduisante, enregistrée dans l’immédiat du live.

Évoquant dans la pratique le blues malien d’Ali Farka Touré et sa guitare lancinante, le trio convoque un monde d’influences dans l’interprétation de thèmes extrêmement variés. Pop, jazz, western psychédélique, jazz des Carpates ou encore la messe de Nostre Dame de Guillaume de Machaut, ce programme hétéroclite, loin de composer un patchwork artificiel, contribue à la variété de ce disque dans lequel chaque piste est un nouveau voyage. L’unité de jeu des trois musiciens, leur sobriété technique mise au service de leur générosité est le moyen de créer une unité de ton qui traverse l’ensemble des morceaux.

On navigue ainsi au gré d’un entrelacs de guitares entêtantes à travers des atmosphères lumineuses pour la plupart. La batterie d’Argüelles, toujours pertinente et mesurée, emporte ses partenaires pour en faire un moteur efficace en s’appuyant sur un tempo profond. À l’origine de cette formation, le Hongrois Csaba Palotaï développe quant à lui un son propre fait de rythmiques hypnotiques et d’un sens de la mélodie imparable, que Drappier complète parfaitement dans une troublante gémellité.