Scènes

Echoes of Henry Cow à Genève

Michel Edelin et ses partenaires en territoire helvétique.


© Mario Borroni

Juste avant le quarante-deuxième festival annuel de l’A.M.R. qui se déroule du 15 au 19 mars 2023, le groupe de Michel Edelin dédié à la mythique formation Henry Cow était de passage dans le célèbre club genevois « Le Sud Des Alpes ».
Une formation parfaitement rodée qui mériterait d’être engagée pour d’autres concerts.

Sylvain Kassap et John Greaves © Mario Borroni

Cette formation merveilleuse qui tourne peu est parfaitement rodée désormais. Seul hic : qu’attendent les organisateurs de concerts pour l’engager ? La frivolité serait-elle de mise, ou alors y aurait-il moins de salles de spectacles disposées à jouer la carte de la découverte ?

Le public suisse n’aura pas boudé sa joie : les deux sets ont été enthousiasmants et révélateurs de l’inventivité des instrumentistes. Sophia Domancich invite à la prospection musicale en initiant la ballade « Half The Sky » juste avant d’improviser et d’être soutenue par le jeu de Stéphane Kerecki à la contrebasse et par Sylvain Kassap, très en verve ce soir à la clarinette basse.

« Half Sleep / Half Awake » est l’occasion d’entendre un turn-over du groupe dans des entrées successives toutes très inventives, Michel Edelin apportant une vigueur incontestable. « The Bath Of The Stars », joué de manière épique avec une prestation de Sylvain Kassap répondant au texte scandé de John Greaves, bénéficie de la finesse orchestrale centrée autour de Sophia Domancich. Arrive le très attendu « Beautiful As The Moon » avec une introduction en 7/8, toujours par Sophia Domancich. La formation tourne à plein régime. Sylvain Kassap nous gratifie de son sens de l’improvisation et Michel Edelin décolle véritablement avec ses flûtes : la parfaite justesse de sa sonorité liée à l’inventivité de son improvisation est un régal. John Greaves bat la mesure, satisfait de l’osmose du quintet. Que dire de la musicalité ainsi que de l’énergie dispensée à bon escient par Simon Goubert ? Sa frappe sait s’adapter aux variations harmoniques suggérées, c’est un régal de l’entendre accompagner Michel Edelin, ponctuant les phrases du soliste avec une fougue radieuse. Ses interventions à la caisse claire et à la grosse caisse impriment une dynamique structurelle indispensable.
« Ruins » apparaitra comme un des moments forts de la soirée, la gravité du morceau donnant un allant à la musique de la formation de Michel Edelin.
Les musiques, déterminantes pour l’époque, de cette formation britannique innovante ont repris vie ; une vie faite de détours à la fois respectueux des grandes lignes aisément reconnaissables tout en bénéficiant d’apports indispensables à une vitalité contemporaine. John Greaves à la voix s’affirme comme une source d’inspiration authentique.
Notons que l’âme de RogueArt, le producteur Michel Dorbon, avait fait le déplacement pour écouter ses poulains avec délectation. L’exemplarité de ce passionné investi dans les musiques créatrices mérite d’être signalée car rares sont les passionnés investis d’une telle foi.
Œuvre de grande qualité, Echoes Of Henry Cow mérite d’être entendue plus souvent : la forte humanité qui irrigue ces musiciens n’en serait alors que plus justement récompensée.