Sur la platine

Fou d’amour, c’est fou ça !

Petit tour sur le label Fou Records.


Les sorties discographiques supervisées par Jean-Marc Foussat ont une saveur particulière. Deux nouveaux contes musicaux viennent d’être édités sur son label qui porte les trois premières lettres de son nom, Fou Records.
C’est avec la poésie omniprésente de Jean-Marc Foussat que la musique s’enrichit au quotidien, son esprit goguenard désacralise les formes d’art installées. Les certitudes s’écroulent et l’amour de la vie transparaît dans ses deux derniers albums complémentaires. Embarquement pour un voyage mystérieux.

La nuit s’efface et, de manière quasi imperceptible, les chuchotements d’un synthétiseur analogique AKS antédiluvien se révèlent indispensables au langage partagé avec des saxophones. Jean-Marc Foussat est rodé, les interactions qui confinent aux surprises font partie de son ADN. La trame musicale qui s’inscrit dans Les Beaux Jours - analogie étonnante avec la chanson du même nom d’Yves Simon - renvoie également à des sentiments vifs.

Le synthétiseur analogique permet d’amplifier des particules de notes à des instants précis : la manipulation en temps réel ne peut que densifier les climats séquentiels dont certains ici fréquentent les zébrures de l’album Cyborg de Klaus Schulze. Guy-Frank Pellerin exprime des nuances dans l’amplitude sonore par les timbres chaleureux de ses saxophones. Ses explorations phoniques témoignent de ses expériences musicales vécues au sein du Celestrial Communication Orchestra d’Alan Silva ainsi qu’avec Frank Wright.

La trame progressive qui habite ce disque fait se succéder des épisodes excitants. Les télescopages entre les deux artistes se renouvellent sans cesse comme dans « Phase de nuit » où apparaît un piano sombre, et avec l’intense dramaturgie de « … bien proche, sans doute ».

Dans Les Beaux Jours, Jean-Marc Foussat et Guy-Frank Pellerin dessinent une épopée extatique : leur expérimentation commune est mirifique.

Ils sont bien trois à partager l’espace et le son mais seuls Jean-Marc Foussat et Léo Remke Rochard sont audibles dans ce disque, et pour cause : Stéphane Guillaumon danse. Cette trilogie n’a guère besoin de préambules : l’action immédiate est de mise et s’initie avec de fulgurantes improvisations contrastées. Ce sont des passages dynamiques qui propulsent les sons ancrés dans une électronique débridée. Les deux musiciens combattent les automatismes ; leurs télescopages n’ont qu’un but : anticiper les mouvances de Stéphane Guillaumon. Les instruments et les voix modulées enrichissent le trilogue, « Ses cheveux détachés » l’exprime pleinement.

Les sons en boucle se veulent déterminants afin d’alimenter le concept visuel, la créativité prodigieuse qui se perçoit dans « Les Extrémités d’un silence » et l’hypnotique « Collier d’étoiles » forme des interfaces féériques entre les hommes et les machines.

« Dans la peau des oranges » inscrit une urbanité quasi crépusculaire guidée par trois connexions humaines. Hautement musical, ce disque est à la fois électrisant et aguichant.