Chronique

Jean-Marc Foltz

Wild Beasts

Jean-Marc Foltz (cl), Philippe Mouratoglou (g), Sébastien Boisseau (cb), Christophe Marguet (d)

Label / Distribution : Vision Fugitive

La discographie de Jean-Marc Foltz regorge de très beaux disques. Beaux musicalement bien entendu – les termes « feutré », « boisé », « poésie » viennent assez spontanément lorsqu’on essaie de qualifier sa musique – mais ce sont en prime de superbes objets. Wild Beasts, le dernier-né, est – à l’instar des précédents – un album qu’il faut impérativement avoir en CD. La version numérique est loin d’être suffisante car le livret, conséquent, est remarquable : 32 pages quasi-exclusivement consacrées à des photos de faune sauvage signées Nicolas Bruant. Elles sont saisissantes et loin d’être seulement une illustration de la musique. Images et sons constituent un tout. D’ailleurs Visions Fugitives et Nowaten étaient du même nature puisque les visuels – de la main d’Emmanuel Guilbert et Ramon Lopez – faisaient de ces albums de véritables œuvres plastiques.

On ne fait pas d’aussi beaux objets sans apporter un soin méticuleux à la musique. Là encore, Wild Beasts s’inscrit dans la filiation des albums que Foltz a publié précédemment. C’est d’une minutie exemplaire et dire qu’on est dans le registre de la poésie ne serait pas tout à fait vrai : on est dans celui de la très belle poésie. Celle qui a cours chez Louis Sclavis ou Michel Portal, pour citer deux musiciens qui partagent le même instrument que Foltz. D’ailleurs, le line-up nous indique ce parti pris. Qu’il ait fait le choix de convoquer Christophe Marguet, Philippe Mouratoglou – déjà présent sur Nowaten – ainsi que Sébastien Boisseau n’est pas surprenant. L’album débute avec « Run to Live » – un morceau de plus de cinq minutes initié par une ligne de basse et de batterie mimant une course vitale qu’on imagine volontiers dans la savane. Ensuite, vous vous laisserez guider par les images qui s’imposeront à vous. Ce seront alors les lignes félines de la clarinette, et la grâce d’un corps de fauve qui se déploierait. Vous imaginez volontiers que tout l’album est de cet acabit et vous ne vous trompez pas : de « Croc » à « Monkey Rag Suite » qui clôt le disque en passant par « Lions Die Alone » ou encore « Hippopotorganum Magnum », on est embarqué dans un impressionnant voyage fait de mouvements, de couleurs et de paysages.