Chronique

Koma Saxo

Live

Petter Eldh (b), Otis Sandsjö (ts), Jonas Kullhammar (ts), Mikko Innanen (as & bars), Christian Lillinger (d)

Label / Distribution : We Jazz Records

Ce groupe phare parmi les projets du contrebassiste Petter Eldh est une grosse machine explosive et généreuse. Une meute de saxophones ténor et baryton semble poursuivre sans relâche la paire contrebasse-batterie dans une débandade bruyante et tout se bouscule sur cette scène d’Helsinki, en décembre 2019.
Contrairement à son habitude, Petter Eldh, également producteur, n’a pas retouché la bande sonore. Le son est brut, live, chaud et puissant. C’est une différence notable avec le premier et très acclamé album studio Koma Saxo et cela rend tout à fait justice à l’effet que produit cet ensemble sur le public, une claque magistrale.

Bien sûr, on ne peut oublier que la rythmique est à ce point délurée tout en étant très fermement force de proposition, car Christian Lillinger, le batteur allemand et Petter Eldh, le contrebassiste suédois, jouent ensemble depuis longtemps et dans de nombreux contextes. Mais ces trois soufflants ne sont pas non plus des inconnus. En premier lieu, le ténor suédois Otis Sandsjö qui par ailleurs forme trio avec Eldh et la chanteuse Lucia Cadotsch, et dont le groupe Y-Otis comprend ce même contrebassiste. Il perd d’ailleurs un peu de sa douceur ouatée habituelle pour un son plus coupant et un phrasé plus détaché. Jonas Kullhammar, ténor et flûtiste suédois d’envergure internationale et Mikko Innanen, saxophoniste alto et baryton finlandais, apportent leur énergie et leur vélocité à cette musique.

Du premier album, il n’y a que deux compositions reprises, le reste appartient à un répertoire plus récent ou tient de l’improvisation pure, comme ce duo court mais étonnant entre Sandsjö et Lillinger, qui introduit « Blumer » où la flûte tranchante résonne. Le groupe présente un arrangement tout en douceur d’une comptine suédoise pour enfant, « Ro, ro till fiskeskär », rebaptisée pour l’occasion « Fiskeskärsmelodin » et l’album se termine par une reprise déjantée de la tarte à la crème russe « Plaine, oh ma plaine », un clin d’œil au voisin bruyant et peu rassurant pour ce public finlandais qui accompagne les musiciens en chantant…

Petter Eldh, dans les notes du livret, décrit Koma Saxo comme une huître : « Rugueuse de l’extérieur, mais crue et attirante à l’intérieur ». En sachant que le groupe prépare un nouvel album qui intégrera la chanteuse suédoise Sofia Jernberg, on peut pousser l’analogie de l’huître en imaginant qu’elle en sera la perle.

Comme toujours chez We Jazz, le disque existe en plusieurs formats, vinyle noir ou argent, etc…

par Matthieu Jouan // Publié le 23 mai 2021
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