Chronique

Petros Klampanis

Minor Dispute

Petros Klampanis (b, p, voc), Gilad Hekselman (g), Jean-Michel Pilc (p), John Hadfield (dms, perc) + Maria Manousaki (vln), Megan Gould (vln), Lev Zhurbin (alto), Matt Sinno (alto), Yoed Nir (cello), Colin Stokes (cello).

Label / Distribution : Cristal Records

Petros Klampanis, jeune contrebassiste établi à New York, publie Minor Dispute, son deuxième album après Contextual en 2011 qui avait vu le jour sur Inner Circle, le label du saxophoniste Greg Osby, avec lequel il entretient des relations étroites par ailleurs. Il revient cette fois entouré d’un trio d’enlumineurs, dans lequel évolue celui qui est peut-être le plus américain des musiciens français, le pianiste Jean-Michel Pilc, accompagné du guitariste Gilad Hekselman, musicien aux influences multiples, et du percussionniste explorateur sonore John Hadfield. Et pour enrichir une palette déjà largement pourvue en couleurs, Klampanis s’est adjoint les services d’une section de cordes (deux violons, deux altos, deux violoncelles).

Si la musique du contrebassiste puise en toute logique son inspiration du côté de la Méditerranée mais aussi des Balkans, c’est avant tout la fusion des styles qu’il faut souligner dans ce disque d’une indéniable élégance. La présence des cordes contribue beaucoup à un certain classicisme des formes sonores ; elle offre un parfait écrin au velours de la guitare d’un Gilad Hekselman dont la fluidité est à peine troublée par quelques élans rageurs. Suggestives plus que frappeuses, la batterie et les percussions de John Hadfield ne font que renforcer une impression de douceur aux accents parfois mélancoliques, voire nostalgiques. Le piano de Jean-Michel Pilc, quant à lui, survole avec une grâce empreinte de poésie des paysages qui paraissent baigner dans la lumière du soir.

Œuvre d’un musicien sensible et impressionniste, qui jamais ne tire la couverture à lui, Minor Dispute est une aussi une ode à un pays, la Grèce, dont les richesses multiséculaires sont aujourd’hui mises à mal par des forces économiques peu sensibles à sa contribution majeure au développement de la civilisation. Petros Klampanis le rappelle en concluant ce beau disque par une interprétation aérienne de « Thalassaki » emprunté à la musique folklorique de son pays. Celui-ci se voit ainsi mis en lumière, comme un ultime message d’espoir ou plutôt de lutte. Ce combat-là est sans nul doute inégal, mais la partition jouée par le contrebassiste est ô combien fondamentale. Quand la musique – et l’art en général – est acte de résistance, il convient de lui apporter un soutien sans faille.