Scènes

Stéphane Huchard à Nancy

Quatrième rendez-vous de la saison pour le Manu Jazz Club. Avec le quartet de Stéphane Huchard, les Nancéiens amoureux du jazz ont passé une de leurs meilleures soirées.


Le Manu Jazz Club est en passe de réussir le pari lancé par ses créateurs, l’équipe de Nancy Jazz Pulsations, associée au Théâtre de la Manufacture qui en est l’hôte : le nouveau rendez-vous du jazz en Lorraine a rassemblé un public nombreux pour son quatrième épisode, qui mettait en scène le quartet du batteur Stéphane Huchard.

Jeudi 13 février 2014. Il est des signes qui ne trompent pas : la première intervention en soliste de Stéphane Guillaume au saxophone est saluée par des applaudissements nourris. La soirée s’annonce sous les meilleurs auspices, et Stéphane Huchard ne boude pas son plaisir de présenter dans la belle salle du théâtre le répertoire de son récent Panamerican, dont Citizen Jazz a justement loué les qualités. Et si le batteur n’est pas venu entouré de son équipe prestigieuse made in USA [1], il a constitué un quatuor solidaire et généreux qui n’a rien à envier à l’original.

Stéphane Huchard @ Jacky Joannès

Outre Stéphane Guillaume, cité plus haut, qui pas un instant ne se départira d’un jeu à la fois méditatif et fiévreux (au ténor comme au soprano, et même à la flûte à bec), la présence au piano d’un Grégory Privat aux interventions étincelantes, totalement libérées [2] et de l’impeccable Jérôme Regard à la contrebasse soulève en quelques minutes l’enthousiasme du public venu chercher sa ration d’un jazz à forte teneur en groove. Une musique pleine et entière, à l’image exacte du batteur dont la vibration est transmise en ligne directe aux spectateurs.

Stéphane Huchard, tout autant coloriste que dynamiteur, arbore un grand sourire, multiplie les échanges avec ses partenaires - il y a de magnifiques duos et trios nichés au cœur de ce quartet - et provoque de subtiles associations de timbres. Il suscite l’adhésion générale et chacun dans la salle savoure sa chance de vivre avec gourmandise une musique en mouvement, dont les thèmes sont souvent des hommages : Herbie Hancock (« Just An Herbie Vore »), Éric Legnini (« Boogaloo King ») ou Minino Garay (« El Minino »), ou la célébration d’une pulsation profonde (« Groovy Side », « Bancal Cha-Cha ») qui n’exclut pas de longues échappées plus improvisées (« Sacrés lascars », emprunté à un précédent disque, Tootakoosticks). Avec ses deux heures d’enthousiasme partagé, la prestation d’une telle formation s’affirme d’ores et déjà comme l’un des temps forts de la saison.

Pari presque gagné donc pour le Manu Jazz Club : il ne reste lui plus qu’à se donner les moyens d’attirer un public supplémentaire, plus jeune, celui qui fait encore défaut à ce rendez-vous dont les quatre premiers épisodes ne peuvent toutefois que réjouir. C’est le défi à relever pour la saison prochaine !

par Denis Desassis // Publié le 17 février 2014

[1Chris Cheek, Jim Beard, Matt Penman, Nir Felder et Minino Garay.

[2Premier invité du Manu Jazz Club au mois de novembre dernier, il nous confiait après le concert tout son plaisir à évoluer dans une formation au centre de laquelle la batterie représente pour lui une forte stimulation.