Scènes

Un plateau de Troubadours

Concert de sortie de Troubadours, le nouvel album de Sylvain Rifflet, à l’Atelier du Plateau à Paris, le 22 novembre 2019.


Sylvain Rifflet - Alice Leclercq

S’il a conçu l’album en trio avec Verneri Pohjola à la trompette et Benjamin Flament aux percussions, c’est en quartet que Sylvain Rifflet interprète ses nouveaux « Troubadours », en invitant Sandrine Marchetti à l’harmonium.

Le cadre de l’Atelier du Plateau est intimiste, l’instrumentation du nouveau projet de Sylvain Rifflet l’est tout autant : deux instruments à vent, un bourdon (shruti-box et harmonium) et quelques percussions.

Sylvain Rifflet - Alice Leclercq

Tout en jouant du saxophone ténor ou de la clarinette, Sylvain Rifflet actionne au pied la shruti-box qu’il avait achetée dans une boutique de New Delhi. En revanche l’harmonium, dont il joue également sur l’album, est confié ici à Sandrine Marchetti.

Le quartet interprète en deux séquences la dizaine de pièces, y compris une mélodie qui ne figure pas sur l’album mais qui fut inventée par Béatrice, une des trobairitz (les femmes qui pratiquent l’art du trobar).

A la faveur de six pièces enchaînées en première séquence, on se laisse gagner par le caractère hypnotique du bourdon, la pulsation inventive du Flamentophone – le nom donné par Sylvain au set de percussions sur mesure, entre vibraphone et batterie, créé par Benjamin Flament - par la pureté et le lyrisme du jeu du trompettiste finlandais Verneri Pohjola et, plus que tout encore, par l’interpénétration des sonorités de Sylvain et Verneri.

Après cette première séquence, Sylvain détaille les anecdotes sur les personnages auxquels il fait référence. S’il s’est inspiré de pièces de musique médiévale profane pour s’approcher de l’idée qu’il se fait de la musique des troubadours, c’est sans rechercher l’exactitude historique, souligne-t-il dans son discours.

On aurait préféré - mais il s’agit sûrement d’un ressenti personnel - demeurer dans la rêverie que suscitent les motifs répétitifs de la musique, sans long discours intermédiaire interrompant notre détente.

La seconde séquence se conclut toutefois en beauté par la tension dramatique insufflée à la pièce qui porte le nom du troubadour Bertran, « qui errait avec, en guise de lanterne, sa tête ».