Chronique

Steve Houben et Boyan Vodenitcharov

Les Valses

Steve Houben (ss, as, fl), Boyan Vodenitcharov (p)

Label / Distribution : Mogno

Steve Houben est un musicien de jazz habitué aux rencontres, que ce soit dans le jazz avec les bulgares de BBConnex ou dans les musiques traditionnelles est-Européenes au sein du groupe Panta Rhei. Sur Les valses, il s’agit d’une rencontre avec le pianiste classique Boyan Vodenitcharov pour un premier album en duo, alors qu’ils se sont rencontrés il y a vingt ans.

Houben développe un son léger et clair, une attaque tendre et un vibrato lent. Il reste généralement dans un jeu mélodique et direct, mais avec ici et là des pointes dissonantes. Le sens du rythme et le toucher de Vodenitcharov n’ont rien à voir avec le jazz ; heureusement, il n’essaie pas de faire « comme si. » Les grappes de notes surgies soudainement de sa main droite tiraillent le tempo, évitant trop de complaisance. Dans les meilleurs moments, les deux musiciens se mettent à l’écoute l’un de l’autre pour interagir au maximum, tout en restant globalement dans le cadre d’une musique délicate.

L’album commence avec Valse sentimentale, où la mélodie rêveuse et le vibrato lent de Houben se frottent à l’ostinato et les jets légèrement dissonnants de Vodenitcharov, créant une atmosphère à la fois calfeutrée et tendue. Plus tard, les cascades d’arpèges argentés de Which kitsch ? forment un bel écrin pour une mélodie flottante de Houben.

Sur Bulgarian boogie, une basse virevoltante assombrit et dynamise l’ambiance : les accords percussifs de Vodenitcharov poussent Houben à des envolées frénétiques de flûte, jusqu’à ce que le premier ne prenne à son tour un solo musclé. On retrouve un rythme frénétique sur le court Krivo, morceau traditionnel bulgare très dansant et joyeux. Le plus long morceau de l’album, Strides est aussi un des meilleurs, mettant aux prises une mélodie aux longues notes et un accompagnement plus musclé. En contrepoids à une tendance à se laisser aller à un jeu trop lisse et sucré (The road to Granada, la ballade Arioso), Faux pas permet à Houben et Vodenitcharov d’improviser de manière plus libre et acide.

Les valses souffre seulement d’un certain manque d’humour et de légèreté (Krivo est le seul instant de « divertissement »), ce qui mène à une certaine impression de renfermement. Cet album est néanmoins une nouvelle preuve de l’éclectisme judicieux du label Mogno.