Chronique

Abdullah Ibrahim

Dream Time

Abdullah Ibrahim (p)

Label / Distribution : Enja Records

Abdullah Ibrahim parcourt en tous sens son histoire, sa mémoire, ses souvenirs. Il en fait, depuis une bonne vingtaine d’années, la base, le centre et la circonférence de ses récitals en solo. Pour qui a assisté à l’un de ses concerts, c’est toujours la même histoire, mais jamais le même conte. La méditation du souvenir conduit toujours à des extases voisines, qu’on ne peut néanmoins superposer à l’identique. Comme un fleuve dans lequel on se baignerait cent fois, mais jamais le même. Refrain bien connu.

Tout dépend alors de vos propres souvenirs, de l’homme et de sa musique. J’ai entendu Dollar Brand à Antibes, je ne sais plus en quelle année, mais ça tournait autour des années 70/75. La prégnance de l’Afrique du Sud, ses rythmes et ses chants, était manifeste et se colorait des influences de Duke Ellington ou de Monk. Puis je l’ai accueilli au début de ce siècle dans mon propre « Bordeaux Jazz Festival ». C’était déjà l’époque des solos et de cette infinie, ou indéfinie, méditation sur lui-même.

La fidélité au label Enja est constante, elle aussi. Tout comme l’intérêt que nous portons à ces musiques de l’Afrique du Sud, territoire où le jazz s’est rêvé lui-même comme recommencement. Nouvelle Harlem Renaissance. Avec en fond les luttes pour la fin de l’apartheid, qui apporteraient aussi - entre autres - un pianiste appelé Chris McGregor.