Chronique

Barney Wilen Quartet

Live In Tokyo ’91

Barney Wilen (ts, ss), Olivier Hutman (p, el-p), Gilles Naturel (b), Peter Gritz (dm)

Label / Distribution : Elemental Music

Dans le film de Stéphane Sinde The Rest Of Your Life, consacré à la vie et l’œuvre de Barney Wilen, le saxophoniste déclare : « Tu traverses la société en diagonale. C’est un peu le parcours, comme sur un échiquier, c’est le parcours du fou mélangé avec le parcours du cavalier. Tu traverses en diagonale, de temps en temps tu fais un saut en « L », pour éviter, parce que tout le monde sait que tu marches en diagonale, et ils t’attendent au bout de la diagonale, eh bien tu n’y es pas. Parce que tu viens de faire un saut de cavalier. C’est ça un peu le jazz… C’est des échecs mélangés avec les dés quoi… ».

Beau, lucide, à la fois présent et distant, Barney Wilen aura ainsi incarné le jazz, de ses débuts tonitruants en 1957 (voire avant) à sa mort trop précoce, après une sorte de « final » ébouriffant dans la dernière période, où il a joué et rejoué ce qu’il savait par cœur, du bop le plus remuant aux chansons françaises les plus internationales. Car, de disparitions et résurgences, point commun avec Jacques Thollot - il y en a d’autres - il se sera inscrit finalement où on ne l’attendait plus, après les années 60-70, la bande à Bandini, Moshi et autres superbes dérapages contrôlés. Et son auditoire japonais en aura raffolé. Et nous pouvons continuer à en raffoler nous aussi. Pourquoi se priver ?