Scènes

Alexandra Grimal solo, 28 mai 2011


Le 28 mai 2011, Alexandra Grimal était invitée en solo à l’Atelier du Plateau pour le dernier d’une série de concerts étalée sur toute l’année. Un joyau de grâce et de poésie instantanée.

Un solo de saxophone.

Une petite grande femme pieds nus sur un sol peint en blanc, bleu et gris, en robe couleur nuage. Sur une table, à côté de la carafe d’eau, un ténor et un soprano.

Alexandra Grimal © H. Collon/Objectif Jazz

Alexandra Grimal se balance d’avant en arrière, accrochée au sol par les pieds — sinon elle s’envolerait. Quand elle regarde, c’est droit devant. Une petite fille rit au fond de la salle de l’Atelier du Plateau — cet endroit où les chaises sont pour enfants. Les saxophones d’Alexandra rient aussi.

Nous voici sur sa balançoire respiratoire. Nous sommes là. Nous nous balançons tous au gré de son souffle — s’en rend-elle compte ? Elle, elle suit sa propre respiration.

Ça bouge à chaque seconde. Elle change d’instrument, elle chante, elle souffle, elle tousse, elle remet sa bretelle. Elle ferme les yeux, les rouvre. Elle sourit. Elle fronce les sourcils. Balance.

Rien de brusque. On n’a pas le temps de s’apercevoir qu’on a changé d’espace et de temps qu’on y est déjà. C’est un endroit à la fois léger et ancré dans la terre. Traversé par un souffle continu mais habité de nombreux silences. La quiétude a posé son trône dans un pays de simplicité.

Après les applaudissements, Alexandra Grimal a encore envie de jouer. Le style est direct. Le temps n’est pas aux fioritures, retour à l’essentiel — le son, la voix, le corps.

C’est une leçon d’écriture à laquelle nous avons assisté. D’écriture de quoi ? De ce qu’on voudra. De musique, de mots, de vie. Une leçon de choses.

Elle sourit et dit merci. Ses yeux brillent.
C’est son anniversaire.