Chronique

Almeida/Gibson/Furtado

Multiverse

Gonçalo Almeida (b), Yedo Gibson (ss), Vasco Furtado (dm)

Label / Distribution : Multikulti Project

Multiverse débute de manière assez démentielle avec « Chanty », premier morceau magistral. Prenant la suite de l’archet vrombissant du contrebassiste Gonçalo Almeida, Yedo Gibson, souffleur continu, se lance dans de furieux motifs répétitifs. Vient ensuite la batterie. D’abord les cymbales puis les fûts de Vasco Furtado, martelés d’une frappe sèche et puissante. Le morceau n’est ensuite qu’un long et brûlant crescendo qui nous transporte jusqu’à l’extase. On est tout de suite dans une ambiance et dans des références explicitement free. On y restera tout au long de ce concert, enregistré au SMUP, dans la banlieue de Lisbonne, avec trois autres morceaux du même acabit.

Dans ce trio, c’est Yedo Gibson qui prend la lumière. Le saxophoniste brésilien installé à Amsterdam, mais proche de la scène lisboète, est un musicien incandescent. Il nous fait inévitablement penser à Coltrane tant il s’emploie à tracer des lignes versatiles et sauvages comme son illustre aîné. Son soprano sonne parfois comme une cornemuse (comme dans « Chant ») ; il peut lui soutirer des sons suraigus (« Verdade ou consequência »), il peut également se révéler plus fragile et plus introspectif (« Slow Tachyon »). Il est en tout cas un saxophoniste passionnant qu’il nous faut suivre avec une grande attention, ainsi que l’association qu’il forme avec ses deux compères. Vivement leur prochaine rencontre.

par Julien Aunos // Publié le 9 mai 2021
P.-S. :