Chronique

Anthony Joseph

The Rich Are Only Defeated When Running For Their Lives

Label / Distribution : Heavenly Sweetness

L’intitulé de l’album est carrément programmatique. Car, avec The Rich Are Only Defeated When Running For Their Lives, Anthony Joseph s’inscrit dans une grande tradition musicale d’engagement politique : l’album comme manifeste. Pour preuve ce long titre qui est une phrase du livre Les Jacobins noirs. Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, de Cyril Lionel Robert James, militant anti-impérialiste trinidadien qui fit le voyage depuis les Caraïbes jusqu’à Londres pour porter la parole et la défense des colonisés. On note la similitude avec le parcours d’Anthony Joseph qui a, lui aussi, traversé l’Atlantique pour s’installer à Londres.

Aussi, sans surprise sinon celle d’un disque fort bien réalisé, trouvera-t-on dans cet album nombre d’éléments constitutifs d’un manifeste politique. Tout débute avec « Kamau », qui évoque la figure du poète barbadien Edward Kamau Brathwait. De manière semblable on trouve « Language, Poem for Anthony McNeill ». La musique – jouée par une batterie, une basse, une guitare, un clavier et trois saxophones quand un autre saxophone et une autre percussion ne s’y adjoignent pas – est très volumineuse, donnant ainsi beaucoup de corps aux textes, interprétés dans un registre parlé-chanté qui accentue le caractère militant de ce disque. En outre, les morceaux sont longs, laissant ainsi tout le loisir à cette ambiance militante de se déployer au gré d’un groove fort approprié.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 2 mai 2021
P.-S. :

Anthony Joseph (voc), Rod Youngs (d), Andrew John (b), Thibaut Remy (g), Florian Pelissier (clav), Jason Yarde (sax), Colin Webster (sax), Shabaka Hutchings (sax), Crispin “Spry” Robinson (perc), Denys Baptiste (sax), Roger Raspail (perc)