Chronique

Bill Evans Trio

The 1960 Birdland Sessions

B. Evans (p), S. LaFaro (b), P. Motian (dr)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

De Portrait in Jazz (décembre 1959) à Explorations (février 1961), puis aux célèbres sessions du Village Vanguard (juin 1961), le trio n’aura eu le temps d’enregistrer que quatre albums avant la disparition prématurée de Scott LaFaro, le 6 juillet 1961. The 1960 Birdland Sessions est donc un témoignage capital de cet exceptionnel trio trop éphémère…

Les thèmes sont des grands classiques du répertoire d’Evans/LaFaro/Motian puisqu’on retrouve « Come Rain Or Come Shine », « Autumn Leaves » et « Blue In Green », trois morceaux déjà enregistrés sur Portrait in Jazz (d’ailleurs cité par le présentateur du Birdland), et « All Of You », qu’on retrouvera sur Sunday at The Village Vanguard.

S’ajoutent deux morceaux qui figuraient déjà sur Explorations (« Beautiful Love » et « Nardis », réminiscence du passage d’Evans chez Miles Davis), « Our Delight » de Tadd Dameron, et un « saucisson » : « Speak Low ». L’album comporte, en outre, trois versions différentes de « Come Rain Or Come Shine » et d’« Autumn Leaves » (passionnantes).

Sur le jeu du trio, que dire de plus que ce qui a déjà écrit ? Mon premier est un pianiste, impressionniste, pour ce lyrisme sans naïveté qui se dégage de son imagination créative. Mon deuxième est un bassiste hors norme (à écouter : l’introduction du premier « Autumn Leaves » et le solo de la troisième version). Mon troisième est un batteur tout en souplesse (voir « Nardis »). Mon tout est une musique subtile (« Speak Low »), moderne (les contrepoints du piano dans le deuxième « Autumn Leaves », l’accompagnement « libre » de la batterie dans « Our Delight » et le jeu varié de la basse), et attachante.

Pour résumer la démarche du trio, Bill est le mieux placé : « J’espère que le trio va continuer dans cette direction, l’improvisation simultanée, plutôt que celle du soliste suivi par un autre soliste… Si le bassiste, par exemple, entend une idée qu’il veut reprendre, pourquoi devrait-il se cantonner à son rôle d’accompagnateur ? » Et, de fait, The 1960 Birdland Sessions est une démonstration de modernité.