Tribune

Herb Ellis (1921-2010)

Herb Ellis a quitté ce monde le 27 mars 2010, à l’âge de quatre-vingt huit ans.


Le guitariste laisse quelques plages musicales majeures dans l’histoire de la musique classique américaine…

Né au Texas en 1921, Ellis joue d’abord de l’harmonica et du banjo. Adolescent il se tourne vers la guitare, rejoint le North Texas State College où il parfait ses connaissances musicales et apprend la contrebasse, car il n’existe pas de cursus de guitare. Pendant ses études il se lie d’amitié avec Jimmy Giuffre (ils enregistrent ensemble en 1959 un album qui mérite le détour : Herb Ellis Meets Jimmy Giuffre) et découvre les disques de Charlie Christian (à qui il rend un magnifique hommage en 1960 avec Thank You, Charlie Christian). Ces deux rencontres sont décisives : Ellis jouera de la musique de jazz.

La suite de sa carrière passe par Jimmy Dorsey (1945 - 1947) et Soft Winds (un trio trop éphémère), puis, de 1953 à 1958, c’est son heure de gloire : il remplace Barney Kessel dans le trio d’Oscar Peterson aux côtés de Ray Brown.

Le concert que le trio enregistre en 1956 lors du Stratford Shakespearean Festival est un monument : loin d’un swing virtuose et démonstratif, les morceaux rivalisent de modernité (les chassés-croisés de « Falling In Love With Love » ou « Nuages »), de subtilité (« Flamingo »), d’humour (« Swinging On A Star »), d’arrangements complexes (« Gypsy In My Soul »)…

Ensuite Ellis accompagne Ella Fitzgerald, puis devient le guitariste maison du JATP. Ce qui lui permet de jouer avec pléthore de musiciens : de Louis Armstrong à Ben Webster en passant par Flip Phillips et Lionel Hampton. Après un passage par les studios d’Hollywood dans les années 70, il signe chez Concord et enregistre des disques de choix avec d’autres guitaristes comme Joe Pass, Barney Kessel, Freddie Green ou encore The Great Guitars (Charlie Byrd et Barney Kessel). Il repart ensuite sur les traces de Peterson avec Monty Alexander (grand amateur d’Oscar) et de Ray Brown et continue à se produire et enregistrer jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.

Gibson lui dédie une guitare, la « ES-165 Herb Ellis », dérivée de la ES-175, modèle de 1949 qu’Ellis affectionnait. Ces instruments sont dans la lignée de l’ES-150, la guitare de Charlie Christian…

Ultime hommage en musique à Ellis : le dialogue avec Dizzy Gillespie dans la splendide introduction de « Dark Eyes » - Morceau émouvant tiré d’un album culte du be-bop : For musicians Only qui, outre Ellis et Gillepsie, réunit Stan Getz, Sonny Stitt, John Lewis, Ray Brown et Stan Levey [1]. Élégance du trait, sobriété du discours, mise en place carrée, sonorité chaleureuse et esprit du blues en filigrane… Merci Monsieur Ellis.


Sources :

par Bob Hatteau // Publié le 30 mars 2010

[1Produit en 1956 par Norman Ganz pour Verve.