Scènes

Biréli Lagrène & Stefano Di Battista en concert

Standards en liberté


Les deux hommes entrent sur scène et commencent par une improvisation totale, qui permet au public de saisir à quel point ils peuvent se comprendre puisque les deux instruments se complètent à merveille. Suivent alors des titres plus familiers : Straight, No Chaser de Monk où, après l’exposition du thème, les deux musiciens nous rappellent brillamment que ce morceau est avant tout un blues en se lançant chacun leur tour dans des chorus débridés ; Naima de Coltrane, que Biréli Lagrène ornemente d’harmoniques artificielles ; une version bossa nova d’Estate ; la composition de Lagrène For Django, en solo ; parité oblige, un morceau en solo de Stefano Di Battista. Puis, Impromptu de Gershwin, Besame Mucho, Mack The Knife et Impressions.

Biréli Lagrène
par Charles de Saint André

On est donc en terrain connu. Les deux hommes déambulent avec aisance sur la route des grands standards, tellement joués et connus que les interpréter relève toujours du challenge. La liberté règne en maître sur la scène ; on pourrait presque croire que les deux musiciens décident au dernier moment quel sera le morceau suivant. Di Battista, comme à son habitude, torture ses instruments (alto comme soprano) pour aller chercher le son extrême. Biréli Lagrène utilise sa maîtrise de la majorité des techniques guitaristiques - notamment à la main droite - pour soutenir intelligemment le saxophoniste.

Ce duo est décidément une formation à la fois étrange et naturelle. L’association de Biréli Lagrène, guitariste virtuose, incarnation parfaite de la polyvalence, et de Stefano di Battista fait mouche. D’où est née l’idée de ce duo ? D’une rencontre lors de l’enregistrement de A Paris de Jacky Terrasson ? Mystère… Quoi qu’il en soit, on peut supposer que les deux musiciens ne se sont pas embarrassés de formalités avant de décider de faire quelques concerts ensemble. Une même passion pour la musique venant du cœur, quelques standards… le tour est joué. Et ce concert, qui, sur le plan conceptuel, s’approche presque de la jam-session, permet de toucher du doigt certaines caractéristiques essentielles du jazz : le respect des anciens et du patrimoine à travers les titres interprétés et les apports personnels des musiciens, la liberté offerte par la forme réduite du duo et le plaisir visible et transmissible de jouer ensemble en toute simplicité.

Stefano Di Battista
par Jos L Knaepen