Bruno Parrinha Vine Leaf

Derrière Vine Leaf se cache le saxophoniste portugais Bruno Parrinha (en anglais, Parrinha se traduit par Vine Leaf [1]). Né en 1963 près de Lisbonne, Parrinha est un incontournable de la scène improvisée lusitanienne. On l’a souvent entendu au côté du trompettiste Sei Miguel ou d’Ernesto Rodrigues [2]. Il participe également aux projets du guitariste Luís Lopes (Abyss Mirrors, Lisbon Freedom Unit), avec qui il forme le trio Garden en compagnie du violoncelliste Ricardo Jacinto. Et c’est en compagnie du guitariste qu’il sort chez Clean Feed ce Tales Of Senses dans lequel les deux hommes improvisent en compagnie d’un des représentants de la nouvelle génération portugaise, le batteur João Valinho [3]. Le décor est planté.

L’album s’ouvre sur une très longue improvisation collective de près de trente minutes baptisée Tale 1, où la musique se déploie inexorablement par vagues successives, tantôt alanguie, tantôt furieuse au gré des courants portés par chaque musicien, imprimant au fil des minutes un récit passionnant. Chacun fouille avec minutie dans ses propres langages. La musique tourne, s’enroule sur elle-même tel un serpent à demi sonné. Lopes ponctue, Valinho souligne, Parrinha structure. Leur histoire sonne comme une évidence.

Tale 2, beaucoup plus ramassé, commence par la batterie sourde et bancale de Valinho. Elle est vite rejointe par la guitare très saturée de Luís Lopes qui aménage un tapis sonore très dense à base de riffs secs et abrasifs. Parrinha vient alors s’appuyer sur ce magma pour fouiller compulsivement dans les aigus de son alto. Musclé.

Le trio conclut l’aventure par Tale 3, une troisième et dernière improvisation collective enregistrée, comme Tale 1, au SMUP, un club de la banlieue de Lisbonne. D’abord bruitiste, Tale 3 s’étire sur un tempo assez lent qui va crescendo à mesure que la guitare convulsive de Luís Lopes s’empare de l’espace sonore. Parrinha lui répond brusquement et monte dans les tours, soutenu par la batterie très ouvragée de Valinho. Et c’est tout.